L'utilisation de la pilule et d'autres contraceptifs hormonaux combinés (CHC) multiplie par trois le risque de formation de caillots sanguins. Une étude genevoise montre que ce risque disparaît en grande partie dans les deux à quatre semaines suivant l'arrêt de l'utilisation de ces contraceptifs.
Cette découverte est très importante pour la prise en charge des femmes recourant aux CHC et devant subir une intervention chirurgicale, par exemple avec une longue période d'immobilisation qui augmente le risque de thrombose, indique jeudi un communiqué commun des Hôpitaux universitaires et de l’Université de Genève (HUG/UNIGE).
Meilleur moment pour arrêter la pilule
Les résultats de cette étude, publiée dans la revue Blood, sont les premiers à fournir des indications sur le meilleur moment pour arrêter la CHC avant des événements susceptibles d'accroître le risque de caillots dangereux. Les scientifiques estiment que l'arrêt des contraceptifs deux à quatre semaines à l'avance devrait suffire dans la plupart de ces cas.
Les résultats sont également importants pour guider la gestion des CHC après un événement de thrombose veineuse ou d’embolie pulmonaire. Plutôt qu’un arrêt au moment du diagnostic, les CHC pourraient être continués temporairement et arrêtés quatre semaines avant la fin du traitement anticoagulant de la thrombose, ceci pour diminuer le risque de grossesse non volontaire et de saignement utérin lié aux anticoagulants.
Normalisation en douze semaines
L'étude s'est concentrée sur les CHC, et notamment les pilules œstroprogestatives contraceptives, les anneaux vaginaux et les patchs contraceptifs transcutanés, méthodes les plus courantes en Europe et en Amérique du Nord.
Pour l'étude, l’équipe de Marc Blondon, médecin adjoint agrégé aux HUG et privat-docent à la Faculté de médecine de l’UNIGE, a prélevé des échantillons de sang auprès de 66 femmes utilisant des contraceptifs hormonaux à six moments différents, avant et après l'arrêt de leur contraception.
Les scientifiques ont ensuite comparé les échantillons avec le sang d'un groupe témoin de 28 femmes qui n'utilisaient pas de contraceptifs hormonaux combinés, puis ont mesuré plusieurs biomarqueurs associés aux CHC et à l'activité de coagulation. Ces marqueurs ont chuté rapidement dans la semaine ou les deux semaines qui ont suivi l'arrêt de la CHC et, à la semaine 12, ils avaient atteint le même niveau que dans le groupe de contrôle.
Environ 80% de la baisse totale des marqueurs de la coagulation observée chez ces femmes s'est produite dans les deux semaines suivant l'arrêt de la contraception et 85% de cette baisse s'est produite dans les quatre semaines.
En Suisse, l’incidence annuelle des maladies thromboemboliques veineuses, incluant les thromboses veineuses et les embolies pulmonaires, concerne une à deux femmes âgées de 15 à 34 ans sur 10'000 et trois à cinq femmes de 35 à 44 ans sur 10’000. Avec la prise de CHC, cette incidence est trois à cinq fois plus élevée pour toutes les catégories d’âge.
(ATS)