Des limites absurdes
Son déménagement à l'autre bout de la rue lui coûte son travail

Pendant des années, Kathrin Scheidegger a été maire de Trachselwald, dans le canton de Berne. Mais maintenant qu'elle quitte sa ferme pour s'installer dans son annexe, elle doit quitter son poste. En effet, le village est traversé par les limites de la commune.
Publié: 14:33 heures
|
Dernière mise à jour: 17:02 heures
Partager
Écouter
1/4
Kathrin Scheidegger est encore présidente de la commune de Trachselwald, dans le canton de Berne.
Photo: Beat Mathys
RMS_Portrait_AUTOR_586.JPG
Céline Zahno

Son annexe n'est qu'à un jet de pierre de la ferme de Kathrin Scheidegger. Après avoir cédé sa ferme à son fils, elle déménage dans la maison mitoyenne avec son mari à la fin de l'année, de l'autre côté de la rue. Mais ce déménagement est lourd de conséquences: elle devra démissionner de son poste de maire à cause de ces quelques mètres de distance.

En effet, le village de Trachselwald (BE), dans l'Emmental, est très particulier. La frontière communale traverse le village de part en part, séparant l'habitation principale de Kathrin Scheidegger de son annexe. En déménageant, Kathrin Scheidegger devient donc une habitante de la commune voisine de Lützelflüh. C'est dans cette commune qu'elle votera et paiera ses impôts à l'avenir et ne pourra donc plus présider une autre commune.

Un cas loin d'être isolé

«Je ressens un peu de nostalgie», nous confie Kathrin Scheidegger. La commune lui tient à cœur et elle a accompli beaucoup de choses en 15 ans au conseil municipal. Malgré son déménagement, une chose est sûre: «Je reste une habitante de Trachselwald. Même si la frontière communale m'en éloignera un jour, j'ai grandi ici et nous sommes une vraie communauté villageoise.»

La situation de Kathrin Scheidegger n'est pas un cas isolé, ces affaires sont fréquentes dans l'Emmental. Par exemple, la moitié du village de Ranflüh appartient à la commune de Lützelflüh (BE), l'autre moitié à Rüderswil (BE). Kathrin Scheidegger savait donc ce qu'il l'attendait si elle déménageait. «Nous savions que le transfert d'une ferme impliquerait un changement de commune.»

Pas de pression pour la succession

Kathrin Scheidegger est heureuse qu'il y ait déjà des candidats pour sa succession. «Nous ne sommes certainement pas dans l'impasse.» Mais la commune a déjà rencontré des problèmes de personnel et les membres du conseil municipal sont passés de sept à cinq personnes il y a quelques années.

Cette réduction des effectifs a aussi entraîné une réorganisation complexe. «Nous avons d'abord dû trouver nos marques et répartir la même charge de travail sur un nombre de personnes réduit», explique Kathrin Scheidegger. Elle est surtout fière d'avoir réussi à régler la succession du secrétaire communal, qui avait occupé ce poste pendant 37 ans.

Après le déménagement, la femme de 62 ans aura à nouveau plus de temps. «Mon mari a dû faire des concessions et accepter que je ne sois pas souvent présente», confie-t-elle. «Il m'a toujours soutenue. Je suis heureuse que nous puissions à nouveau faire plus de choses ensemble.»

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus