Immédiatement après la réunion des sept conseiller fédéraux mercredi prochain, Ignazio Cassis partira quatre jours en mission diplomatique. Ce voyage le mènera de la Jordanie au Koweït, en passant par l'Irak. Un porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) confirme les informations du SonntagsBlick.
Officiellement, ce déplacement est présenté comme une visite diplomatique classique du ministre des Affaires étrangères, avec notamment l’inauguration d’une ambassade au programme. A première vue, il s’agit donc d’un voyage parmi tant d’autres. En réalité, le chef du DFAE s’engage dans une mission particulièrement délicate.
Le calendrier en dit déjà long. Après le cessez-le-feu à Gaza, tous les regards sont tournés vers le Proche-Orient, ainsi que vers le président américain Donald Trump et son plan de paix. La Suisse, elle, ne joue qu’un rôle de figurant et n’a même pas été conviée au prétendu sommet de la paix à Charm el-Cheikh, en Egypte. Outre les grandes puissances européennes, des dirigeants comme le Hongrois Viktor Orbán se sont délectés de la lumière des projecteurs de la politique mondiale.
La Suisse a renoncé
Le seul représentant suisse présent aux côtés de Donald Trump et des dirigeants arabes et israéliens était le président de la FIFA, Gianni Infantino. Cette situation laisse un goût amer à la Confédération qui, plus que peu d’autres nations, a fait de la politique de bons offices l’un de ses principaux atouts.
La Suisse – malgré son rôle d’Etat dépositaire de la Convention de Genève et son mandat américain de puissance protectrice en Iran – a perdu une grande partie de sa crédibilité en tant que médiateur diplomatique au Proche-Orient. Ces échos résonnent du Qatar à Ankara, en passant par Riyad.
Un épisode survenu ce printemps illustre bien cette perte d’influence. En mars, l’Assemblée générale de l’ONU souhaitait que la Confédération organise à Genève une conférence internationale sur les violations du droit international à Gaza. Ignazio Cassis s’est alors retrouvé face à un dilemme: chaque décision comportait des risques. Sous la pression diplomatique d’Israël et des Etats-Unis, Berne a finalement renoncé.
Une pénitence diplomatique
Selon les observateurs, la Suisse s'est mis à dos le monde arabe avec cette manœuvre. Dans ce contexte, la mission d'IgnaziCassis au Proche-Orient peut également être considéré comme une pénitence diplomatique. Le chef du DFAE a peut-être pris conscience de cela: il y a peu d'autre champ de politique étrangère qui soit aussi miné. Le débat sur la reconnaissance de la Palestine en est un exemple actuel.
Parallèlement, les efforts du DFAE pour apporter une contribution humanitaire à Gaza battent leur plein. L'ambassadeur spécial d'Ignazio Cassis, Wolfgang Amadeus Brülhart, a effectué ces derniers jours un voyage de recherche en Terre sainte. Il s'agissait de sonder les domaines dans lesquels la Suisse peut apporter une aide substantielle.