Les recettes d’UBS aux Etats-Unis ont été particulièrement solides au premier trimestre. Les investisseurs locaux ont multiplié les transactions, stimulés par les incertitudes liées aux droits de douane américains, ce qui a dopé les revenus issus des frais de courtage. Ces incertitudes «ont été un grand catalyseur du marché», a déclaré le CEO d’UBS, Sergio Ermotti, lors de la présentation des résultats trimestriels.
La grande banque suisse a enregistré un bénéfice net de 1,7 milliard de dollars américains sur les trois premiers mois de l’année, dépassant largement les prévisions des analystes. Ce résultat reste toutefois en recul de 3,6% par rapport à l’année précédente, en grande partie à cause des contre-performances sur le marché suisse, où UBS rencontre actuellement des difficultés accrues.
Des clients riches mécontents
La division suisse d’UBS a dégagé un bénéfice de 597 millions de francs au premier trimestre, contre 774 millions un an plus tôt. Ce net recul s’explique principalement par la baisse du taux directeur de la BNS de 0,5 point, qui a provoqué une chute de près de 200 millions de francs des revenus d’intérêts. Mais UBS doit aussi faire face à des tensions avec certains de ses clients fortunés.
La banque leur avait proposé des produits structurés censés offrir des rendements solides avec un risque modéré. Ces produits libellés en dollars ont été fortement promus. Or, après l’annonce par le président Donald Trump, le 9 avril, d’un durcissement tarifaire à l’égard de nombreux partenaires commerciaux, le dollar s’est affaibli – entraînant avec lui la chute de ces produits dérivés.
Faute d’apports de liquidités supplémentaires en garantie, plusieurs clients n’ont pu éviter de lourdes pertes. En interne, certains collaborateurs d’UBS considéraient déjà ces placements comme risqués, selon les informations de Blick.
Le CEO élude la question
D’après le site financier Inside Paradeplatz, certains clients auraient perdu jusqu’à 30% de leurs investissements. Plusieurs d’entre eux auraient saisi l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers. Mais lors de la séance de questions-réponses, Sergio Ermotti n’a pas précisé si la Finma était effectivement saisie. Sur les produits structurés, il s’est limité à dire: «Lorsque la volatilité est élevée, il y a des clients qui gagnent et d’autres qui perdent.» Il a refusé d’en dire davantage.
Pour la suite, UBS reste prudente: le conflit commercial continue de peser sur les perspectives économiques, et constitue un risque important pour la croissance et l’inflation. La volatilité devrait donc rester élevée.