Cancer du sein
Inégalité face au dépistage: toutes les Suissesses ne sont pas logées à la même enseigne

En Suisse, 6600 femmes reçoivent un diagnostic de cancer du sein chaque année. Les programmes de dépistage varient selon les cantons, affectant les chances de détection précoce. Quinze cantons offrent déjà des mammographies gratuites aux femmes de plus de 50 ans.
Publié: 17.07.2025 à 19:16 heures
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Chaque année, des milliers de femmes meurent d'un cancer du sein.
Photo: IMAGO
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Daniel Ballmer et Nastasja Hofmann

Chaque année, 6600 femmes en Suisse reçoivent un diagnostic de cancer du sein. Et selon le canton où elles vivent, leurs chances de détection précoce – et donc de survie – peuvent varier. Dans les cantons dotés d’un programme de dépistage, les petites tumeurs sont en effet identifiées plus tôt, selon plusieurs études scientifiques. 

Mais la couverture reste inégale sur le territoire. Tandis que l’Argovie, Lucerne, Glaris et Bâle-Campagne travaillent à la mise en place de tels programmes, six cantons n’ont aucun projet en la matière. À Zurich, Uri, Obwald, Nidwald, Zoug ou Schwytz, les femmes doivent s’organiser elles-mêmes pour effectuer régulièrement une mammographie – et en assumer le coût.

En revanche, 15 cantons – dont toute la Suisse romande – disposent déjà d’un programme dans lequel les femmes de plus de 50 ans sont invitées tous les deux ans à passer un examen radiologique, pris en charge par l’assurance de base.

Programmes sous pression

Mais même dans ces cantons, où l’examen est exempté de franchise, le modèle est mis à mal. Le passage au tarif médical Tardoc, prévu dès 2026, menace en effet le remboursement de ces dépistages. Dès le 1er janvier, les coûts couverts pourraient être réduits de moitié. Conséquence? Les examens ne seraient plus financés à 100%, ce qui mettrait leur accès en péril. L’incertitude est particulièrement forte dans les cantons qui sont justement en train de planifier l’introduction du dépistage du cancer du sein.

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Dans les 15 cantons qui proposent déjà un programme, les coûts sont pris en charge par la caisse maladie. Si la facture passe par l’assurance de base, même la franchise n’est pas débitée. Les acteurs impliqués – généralement la Ligue contre le cancer, les caisses maladie et parfois Swiss Cancer Screening (SCS) – se sont entendus pour que seule la quote-part de 10% reste à la charge des patientes.

Dans les cantons de Bâle-Campagne, Argovie, Glaris et Lucerne, les programmes ne sont encore qu’en préparation. À Glaris, par exemple, un contrat de prestations a déjà été signé avec la Ligue contre le cancer de Suisse orientale. Le canton de Schaffhouse prévoyait aussi de lancer un programme cet automne. Mais en raison des incertitudes sur le financement dans le cadre du nouveau système tarifaire Tardoc, le projet est suspendu. Le canton espère que la question sera réglée au niveau national avant de relancer l’introduction du programme.

Six cantons restent donc sans dispositif. Les femmes peuvent bien sûr recourir à des examens réguliers, mais elles doivent les organiser et les financer elles-mêmes, sans soutien de l’assurance de base. Interrogée, la Ligue suisse contre le cancer précise: «Dans les cantons sans programme de dépistage, les femmes doivent s’adresser à leur gynécologue pour un dépistage du cancer du sein. Elles seront alors orientées vers un institut de radiologie spécialisé.»

A la recherche d'une solution

Pour la Ligue contre le cancer et Swiss Cancer Screening, une chose est claire: il faut garantir la pérennité et l’extension des programmes de dépistage. Dans un communiqué, elles réclament des tarifs couvrant les coûts et des conditions uniformes pour les examens – que ce soit dans le cadre d’un programme ou non.

Cette incertitude financière ralentit la lutte contre le cancer du sein. Contactée par Blick, la Ligue détaille: «En raison de la baisse des tarifs pour ces examens, il faudra sans doute attendre encore plus longtemps avant que toutes les femmes, dans tous les cantons, aient enfin accès à un dépistage gratuit.»

Les spécialistes partagent cette inquiétude, tout en cherchant des solutions pour maintenir les programmes. Michael Knauer, expert en cancer du sein, déclarait récemment dans une interview à CH Media qu’un compromis devait être trouvé. Selon lui, soit les assureurs, les radiologues et les organisateurs s’accordent, soit «quelqu’un d’autre intervient pour le financement». Il envisage notamment un soutien des cantons ou des caisses maladie.

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