D'occasion ou ultra luxe
Voici les véhicules que conduisent les conseillers d'Etat

Quels véhicules les cantons mettent-ils réellement à disposition de leurs conseillers d’Etat? Du canton qui n’a pas de voiture officielle à celui qui emploie plusieurs chauffeurs à plein temps, Blick a passé les pratiques au crible.
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La BMW i7 n'est pas seulement utilisée comme limousine du Conseil fédéral, mais aussi pour trois Cantons.
Photo: Keystone
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Lucien Fluri

Sept conseillers d’Etat, sept voitures de fonction. Peu de cantons cultivent encore une telle tradition, mais Zurich fait figure d’exception. Seuls l'Argovie et le Tessin disposent, eux aussi, d’autant de limousines que de membres du gouvernement, comme le révèle un vaste sondage de Blick. Les différences d’un canton à l’autre sont frappantes, entre ceux où les conseillers d’Etat utilisent bus et trains, et ceux dont la flotte de véhicules peut rivaliser avec celle du Conseil fédéral.

Zurich arrive en tête. Quatre BMW, trois Audi et un véhicule à hydrogène Hyundai composeraient la flotte du Conseil d’Etat. Le canton refuse toutefois de publier la liste précise des modèles. Il est le seul à ne pas avoir rendu ces données publiques, après que Blick a adressé sa demande. Le conseiller d’Etat Mario Fehr invoque des raisons de sécurité.

Malgré cette opacité, Zurich disposerait des véhicules les plus onéreux. Certaines BMW i7 valent chacune jusqu’à 180'000 francs. 

Cinq cantons renoncent aux véhicules de l'Etat

Sur les 26 cantons, Zoug, les deux Appenzell, Obwald et Glaris figurent parmi les plus économes: ils se passent totalement de limousines de service. En Appenzell Rhodes-Intérieures, le Conseil d’Etat loue une VW Utilitaire à la protection civile ou au gymnase local lorsque tous ses membres se déplacent ensemble.

Le canton d'Uri applique une règle particulière: la voiture professionnelle de l’agriculteur qui siège au gouvernement, une Skoda Superb, sert aussi de véhicule de représentation lorsque nécessaire.

La moitié des cantons ne dispose que d’un ou deux véhicules de service. La plupart possèdent un grand monospace capable de transporter l’ensemble du gouvernement. Mais dans de nombreux cantons, les conseillers d’Etat privilégient les transports publics ou leur véhicule privé. Le remboursement des frais varie selon les régions.

Les extrêmes

Dans le canton de Schwytz, la Volvo S90 officielle a été achetée d’occasion. Fribourg s’est équipé d’une Mercedes Classe S de cinq ans pour 64'000 francs. Le gouvernement argovien a également opté pour quatre Mercedes Classe S d'occasion. 

A Nidwald, le gouvernement utilise une Audi A8 immatriculée «NW 1». La voiture a été achetée avec 33'000 km au compteur. L’état des parcs automobiles des gouvernements témoigne en général d’une certaine retenue. A Soleure, les trois Audi A6 ont entre neuf et onze ans. Quant à la Chrysler Voyager qui transporte le gouvernement uranais au complet, elle date d’avant 2010.

Le Valais détient toutefois les véhicules les plus chers: deux anciennes Mercedes Classe S et deux BMW i7, chacune à 180'000 francs.

Les marques privilégiées

Mercedes, BMW et Audi dominent traditionnellement les flottes gouvernementales. Avec 24 véhicules, Mercedes reste la marque la plus répandue, devant BMW (13) et Audi (9). La firme de Stuttgart marque aussi des points grâce à son grand monospace de la gamme V.

Mais les cantons ne choisissent pas toujours les marques premium allemandes. Le Jura a acheté en 2017 une VW Passat GTE pour 48'000 francs. Berne privilégie la Classe E, moins luxueuse que la Classe S. D’autres marques apparaissent dans les flottes, comme Tesla (3), VW (3) ou Skoda (2).

Le modèle le plus représenté demeure la Mercedes Classe S, juste devant la BMW i7 qui progresse rapidement. Toutes les Classe S recensées sont des modèles essence ou diesel, alors que les dernières acquisitions s’orientent vers BMW, plus présente que la Mercedes EQS électrique. Bâle-Ville et le Valais ont récemment acheté la BMW i7 pour près de 180'000 francs.

Progression vers l'électrique

Les cantons investissent de plus en plus dans l’électrique. Beaucoup de modèles essence subsistent, ainsi que quelques diesels anciens, mais les nouvelles commandes privilégient quasi systématiquement les véhicules électriques. Zurich teste même une Hyundai à hydrogène. Sur les 58 voitures cantonales recensées, 26 sont électriques, 5 hybrides, 14 diesel et 12 essence.

De la modestie aux privilèges assumés

Les pratiques diffèrent aussi fortement. Lors d’une réception organisée par l’ambassadeur de l’UE le 8 mai, le gouvernement argovien est venu en bus, alors que la conseillère d’Etat zurichoise est arrivée en voiture officielle avec chauffeur. Les arguments avancés pour justifier l’usage de limousines sont la sécurité, le travail en déplacement et la possibilité d’échanger de manière confidentielle. Les chauffeurs sont parfois soumis à des clauses de confidentialité.

Certains cantons restent pourtant très sobres. En Thurgovie, les deux véhicules en leasing ont roulé 4500 km l’an dernier, générant 16'600 francs de frais. A Bâle-Campagne, les deux limousines Audi parcourent moins de 20'000 km par an. A Fribourg, les deux véhicules officiels cumulent 155 utilisations annuelles et 24'000 km, soit 113 jours de travail pour les chauffeurs.

Dans plusieurs cantons, ce sont des policiers qui conduisent les voitures officielles. Berne dispose de trois chauffeurs permanents. Le Tessin, en raison de son éloignement de Berne, possède cinq limousines et quatre chauffeurs engagés à plein temps.

Un épisode a récemment fait parler dans le canton de Vaud. Le canton ne possède pas de limousines et fait appel à des prestataires externes. En début d’année, deux conseillères d’Etat ont été critiquées pour s’être rendues séparément au WEF à Davos, pour un coût total de 10'245 francs. Chaque année, le canton dépense environ 160'000 francs pour ces services.

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