Comme chaque lundi midi, Ilias M.*, élève de 4ᵉ primaire, a pris le Car postal pour rentrer chez lui. Mais cette fois, le trajet a viré au cauchemar: des camarades plus âgés se sont d'abord moqués de lui, avant qu’un élève de 5ᵉ se mette à le violenter.
Son agresseur l'a d'abord frappé à la tête, parfois même à coups de pied. Puis, il lui a asséné des coups de coude dans le dos... jusqu’à ce qu’Ilias s’effondre, inconscient, le corps secoué de tremblements. Les images filmées par d’autres élèves à bord sont si choquantes que Blick a choisi de ne pas les diffuser. On y voit Ilias allongé sur le sol, à l'intérieur du bus.
Le véhicule est ensuite arrivé à l'arrêt «Dottikon, Sternenplatz», où le garçon était censé descendre. Mais malgré les avertissements de plusieurs enfants, le chauffeur a fait un arrêt très bref, avant de poursuivre sa route comme si de rien n’était, sans que la victime ne quitte le bus.
Une fillette signale l'incident
Fort heureusement, une fillette est descendue à cet arrêt et a couru prévenir la famille. «Elle est arrivée en criant que mon fils était à terre dans le bus», raconte Amal M.*, la mère d’Ilias. «J’ai immédiatement couru jusqu’à l’arrêt, mais le bus était déjà reparti.» Paniquée, elle a sauté dans sa voiture pour le rattraper: «A ce moment-là, je n’ai plus réfléchi, j’ai simplement réagi par instinct.»
Deux arrêts plus loin, un père et sa fille ont finalement porté le garçon inconscient et l'ont sorti hors du bus. L’homme l’a installé dans sa voiture et a appelé la mère de la victime, qui était déjà en chemin pour rejoindre son fils.
Quand elle l'a enfin retrouvé, il avait repris connaissance. «Mais il était blanc comme un linge et avait vomi à plusieurs reprises», raconte-t-elle. Elle l’a conduit sans attendre à l’hôpital cantonal d’Aarau, chef-lieu du canton d'Argovie, où les médecins ont examiné sa tête et ses organes.
Excuses de l'agresseur
Aucune blessure grave n’a été constatée, seulement quelques égratignures. Même ses lunettes ont résisté à l’agression. «J’habille toujours mes enfants très chaudement. Peut-être que cela a aidé à éviter le pire», estime la mère. En raison d’une suspicion de commotion cérébrale, Ilias a dû passer la nuit à l’hôpital.
Une fois sortis de l'hôpital, mère et fils ont reçu une visite inattendue: le garçon de 5ᵉ est venu demander pardon, accompagné de sa mère et de son beau-père. «Il a présenté ses excuses à mon fils et l’a pris dans ses bras», confie Amal M. L’enfant a également donné une explication à son geste: un autre élève lui aurait dit qu’Ilias avait mal parlé de sa mère. L'élève concerne a catégoriquement nié les accusations.
Sur le moment, la famille a accepté les excuses de l'agresseur. Seulement, Amal M. n'avait pas encore vu la vidéo de l’agression. Lorsqu'elle a découvert les images le lendemain, elle en est restée sans voix. «Pour ce que j’ai vu, de simples excuses ne suffisent pas. Nous sommes allés à la police et avons déposé plainte contre le garçon. De tels actes doivent être stoppés», affirme-t-elle avec fermeté.
La mère est sous le choc
Trois jours après ce terrible incident, Amal M. ne va toujours pas bien: «Je ne dors presque plus. Et lorsque je m'endors brièvement, la vidéo se rejoue dans ma tête, je me réveille et je contrôle immédiatement si mon fils va bien.»
Jeudi, Ilias est retourné à l'école pour la première fois. Sa maman ne l'a toutefois pas laissé prendre le bus. «Je l'ai conduit à l'école en voiture et j'ai attendu qu'il soit dans le bâtiment scolaire pour le laisser», dit-elle. Elle entend désormais venir le chercher personnellement à l'école.
Les parents lancent une pétition pour des trajets scolaires sûrs
Après l'agression, la famille a reçu beaucoup de soutien de la part du village. Avec d'autres parents, ils ont lancé une pétition demandant plus de sécurité sur le chemin de l'école.
Leur revendication est claire: les enfants doivent pouvoir prendre le bus scolaire sans crainte . Les parents souhaitent ainsi la présence d'agents de sécurité qui, comme les contrôleurs de billets, effectueraient des contrôles aléatoires dans les bus.
Comme alternative, Amal M. propose que les parents «se répartissent et veillent à ce qu'un parent d'enfant soit toujours présent lors des trajets en bus et veille à ce qu'il ne se passe rien». Car «tous les enfants ont le droit d'aller à l'école en toute sécurité», dit-elle.
La situation est prise très au sérieux par l'école, comme l'explique Sonja Bachmann, directrice de l'établissement primaire concerné, à l'«Aargauer Zeitung». Elle comprend le fait que les parents demandent désormais plus de surveillance dans les bus. «Mais à long terme, les enfants devraient apprendre à résoudre les conflits de manière constructive», conclut-elle.
* Noms modifiés