Coup de pub du siècle ou échec monstrueux pour le management de Migros? Après le non à la votation sur la vente d'alcool à la Migros, les avis divergent. Seul le résultat est clair comme de l'eau de roche: la grande majorité des gens ne veut pas de bière alcoolisée dans les rayons du grand distributeur. Le taux de refus a été élevé partout: en Suisse orientale, il a atteint 76%, le Tessin étant cependant le plus favorable, avec 55%.
Tout restera comme avant? Pas si l'on en croit la présidente du Parti évangélique suisse (PEV), Lilian Studer. La conseillère nationale argovienne s'est battue en première ligne pour que le géant orange ne vende pas d'alcool dans ses filiales. Mais après ce verdict sans appel, elle en demande plus: «Je recommande vivement à Migros de revoir sa copie en matière de commerce en ligne.»
Car sur Internet, Migros continue de vendre de l'alcool. Les produits sont simplement munis d'un logo Denner ou partenaire. «C'est bien sûr une astuce», tonne-t-elle. Elle reçoit le soutien de sa collègue de l'UDC Andrea Geissbühler. La Bernoise voudrait un nouveau vote pour une interdiction de l'alcool dans la boutique en ligne.
«Aucune raison de changer quoi que ce soit»
Mais à la Migros, on ne veut jusqu'à présent rien savoir d'une extension de l'interdiction de l'alcool à la boutique sur Internet. Le vote a clarifié cette question exclusivement pour les magasins, explique le chef de presse Marcel Schlatter, la vente en ligne ayant été clairement approuvée par l'assemblée des délégués. «Il n'y a donc aucune raison de changer quoi que ce soit à ce sujet.»
Bien sûr, il s'agit de beaucoup d'argent. En 2020, les détaillants suisses ont gagné 2,6 milliards de francs avec les boissons alcoolisées. Denner, filiale de Migros, est le deuxième plus grand distributeur de vin en Suisse après Coop. Les boissons alcoolisées les plus vendues dans la boutique en ligne de Migros en 2021 étaient un vin de cuisine à 3,70 francs, une bière allemande bon marché et un vin mousseux. «Nous sommes particulièrement fiers de notre ami, le prosecco», écrit sans fard dans son blog le géant orange.
L'affaire n'est pas encore réglée
La direction de Migros a transformé la défaite dans les urnes en une victoire de la démocratie. Après avoir perdu la bataille, l'initiatrice de la votation Renata Georg, membre de la coopérative Migros Zurich, adopte un ton similaire: «Les Suissesses et les Suisses trouvent normal que Migros vende de l'alcool en ligne, chez Migrolino et chez sa filiale Denner. J'accepte cette décision.»
Même si Addiction Suisse et la Croix-Bleue se sont réjouies de l'issue du scrutin, les associations considèrent que l'affaire n'est pas encore réglée. Markus Meury, porte-parole d'Addiction Suisse, déclare: «On doit vraiment se demander si la vente d'alcool sur Internet est encore justifiable.» Et Philipp Hadorn, président de la Croix-Bleue, renchérit: «Le verdict clair de la votation légitime l'examen de la question de savoir si l'on doit continuer à vendre de l'alcool sous le logo M.»
Pas d'amélioration
La semaine prochaine, Addiction Suisse présentera les résultats des achats tests d'alcool effectués par des mineurs. Le porte-parole Markus Meury ne peut pas donner de chiffres à Blick. Une chose est sûre: rien ne s'est amélioré. En 2021, tous les établissements ont encore obtenu de mauvais résultats, y compris sur Internet. «La protection de la jeunesse ne fonctionne pas du tout.»
Chez Migros, on est conscient du problème. Et on promet de s'améliorer. «Nous travaillons à un système de vérification de l'âge pour notre boutique en ligne, qui prévoit un contrôle d'identité pour les achats d'alcool», affirme le chef de presse Marcel Schlatter. Selon lui, il s'agit toutefois d'un défi sur le plan technique et de la protection des données, qui nécessite un peu de temps. «Avec la nouvelle solution, Migros ira nettement plus loin que le standard qui prévaut en Suisse.»
(Adaptation par Lliana Doudot)