Le clash est-il inévitable?
Le PLR dit «oui» à l'accord avec l'UE, contre l'avis… de son nouveau boss

Le nouveau coprésident du PLR, Benjamin Mühlemann, s'est prononcé contre l'accord avec l'UE, allant ainsi à l'encontre des délégués de son propre parti, qui ont clairement dit oui. Le clash est-il dès lors inévitable?
Publié: 02.11.2025 à 18:32 heures
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Benjamin Mühlemann et Susanne Vincenz-Stauffacher sont les nouveaux coprésidents du PLR.
Photo: keystone-sda.ch
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Reza Rafi

Le Parti libéral radical (PLR) est en train de s’engager sur une voie pour le moins singulière. Le 18 octobre, après un véritable marathon oratoire, ses délégués ont approuvé à une large majorité (330 voix contre 104) le nouveau paquet de négociations avec l’Union européenne (UE) – tout en acceptant de renoncer à l’exigence de la double majorité lors de la votation (peuple et cantons). A Berne, les trois quarts des délégués du parti ont envoyé un message sans équivoque: l'Europe, nous voilà!

Cette décision contraste fortement avec la position du nouveau coprésident du parti, Benjamin Mühlemann, élu le même jour à la tête du parti, aux côtés de Susanne Vinzenz-Stauffacher. La nomination de la seconde semble pour sa part cohérente, la conseillère nationale Saint-Galloise s’étant affichée comme une fervente partisane des «Bilatérales III».

Dossier brûlant en perspective

Benjamin Mühlemann, conseiller aux Etats du canton de Glaris, a en revanche non seulement défendu le maintien de la double majorité, mais il faisait aussi partie de la minorité libérale-radicale ayant rejeté l’accord avec Bruxelles le 18 octobre.

Le nouveau coprésident se retrouve donc en décalage sur un dossier central avec la base et même avec les ministres de son propre parti. Ce paradoxe, peu relevé jusqu’ici, rend ses débuts à la tête du PLR pour le moins délicats. Reste à savoir comment le parti et son coprésident parviendront à s’accorder sur ce dossier-clé dans les mois à venir.

Les figures eurosceptiques du parti – le municipal zurichois Filippo Leutenegger, le conseiller national Christian Wasserfallen et l’ancien président des Jeunes libéraux-radicaux Matthias Müller – ont certes perdu la bataille lors de l'assemblée des délégués. Mais au sein de la coprésidence, elles représentent désormais… la moitié des voix.

Peut-être un «oui avec des grognements».

La principale inquiétude de Benjamin Mühlemann dans le dossier européen? La souveraineté, explique-t-il, au moment de justifier son refus. «Je trouve peu clair la manière dont le Parlement, les cantons et la population seraient impliqués dans le processus de décision», explique-t-il. Il se réjouit toutefois que le groupe de travail interne au parti souhaite clarifier ces questions, qu’il juge essentielles.

Comment, dès lors, compte-t-il diriger le parti avec sa coprésidente sur ce dossier crucial pour le pays? Benjamin Mühlemann l'assure: sa position reflète aussi la force du PLR, capable d’embrasser l’ensemble du spectre politique européen et d’affirmer sa diversité programmatique.

Il rappelle en outre qu’il ne s’agissait jusqu’ici que de la réponse du parti à la consultation fédérale, et non d’une consigne de vote. Si le projet évolue dans un sens favorable aux valeurs libérales-radicales, il estime que certaines voix critiques pourraient finir par dire «oui», non sans quelque peu serrer les dents. Avant cela, toutefois, le Conseil fédéral devra encore présenter son message au Parlement, qui devra ensuite s'atteler à un débat long et houleux.

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