Le budget de l'armée est en discussion au National. Le Conseil fédéral demande des crédits d'engagement de 1,69 milliard de francs pour 2025 dont 1,5 milliard pour le programme d'armement. Celui-ci servira notamment à l'achat des nouveaux blindés. Ces dépenses se fondent sur l'objectif du Parlement d'allouer à l'armée 1% du PIB d'ici 2032.
«Il y a urgence à investir dans l'armement en raison de la situation géopolitique et des délais d'achat», a expliqué Jacques Nicolet (UDC/VD) au nom de la commission des finances. «L’objectif est d’augmenter notre capacité à durer», a avancé Jacqueline de Quattro (PLR/GE) pour la commission de la politique de sécurité.
Le nouveau chef du Département fédéral de la défense, Martin Pfister, a rappelé que, «même si le risque d'une attaque traditionnelle directe sur la Suisse est faible, l'armée doit avoir les capacités de défendre le pays». Or la phase d'achat est longue, il faut donc renforcer la capacité de défense rapidement.
Pas de guerre en Suisse
La gauche est clairement opposée aux crédits. «La guerre contre Poutine a lieu sur le sol ukrainien, et pas en Suisse. La probabilité que des chars russes se retrouvent au bord du Rhin est faible. Mais il existe d'autres menaces réelles», a argumenté Balthasar Glättli (Vert-e-s/ZH).
Cyberattaques, radicalisation, abus des médias sociaux et déstabilisation de notre démocratie. Voici les menaces mentionnées par les partis. «Pour se défendre contre les cyberattaques, il faut une cyberdéfense», a ajouté Fabian Molina (PS/ZH). «Il faut une meilleure protection de la population contre les dangers naturels, une meilleure coopération internationale et un service de renseignement fort.», a-t-il déclaré. L'élu a également appeler à renforcer la coopération internationale grâce à une politique active pour la paix : «C'est la meilleure défense».
Clarence Chollet (Vert-e-s/NE) a critiqué une «liste au Père Noël» sans vision d'ensemble et déconnectée de la réalité. Sarah Wyss (PS/BS) a également rappelé que l'armée n'arrive déjà pas à régler ses problèmes. «Des centaines de millions de francs ont été engloutis dans des projets informatiques qui sont bloqués, les drones ne sont toujours pas livrés. Et il manque encore un contre-financement pour l'augmentation du budget de l'armée.», a-t-elle énuméré.
Fin des Tiger?
Pour l'UDC, le programme du Conseil fédéral est encore trop timide. «C'est le strict minimum», a argué Jean-Luc Addor (UDC/VS), en mentionnant notamment la modernisation des chars Leopard : «Les moyens sont insuffisants pour garantir l'équipement des troupes. Cela n'a aucun sens d'acquérir des systèmes de défense sol-air ou d'artillerie sans les munitions», a estimé le valaisan. Le National devrait aussi accepter de mettre au rebut les F-5 Tiger. «Ces avions sont trop chers à maintenir», a expliqué la rapporteuse de commission. Par ailleurs, «ils ne contribuent guère au renforcement de notre capacité de défense.», a-t-elle ajouté.
Pour l'UDC, c'est un mauvais moment pour réduire les capacités de l'armée. «Si les Tiger sont mis hors service, la Suisse aura une lacune de sécurité dès 2030», a avancé Markus Schnyder (UDC/GL). «Il n'y aura plus de jets de combat dans le ciel. Pour Heinz Theiler (PLR/SZ), cette mise hors service fait mal. Mais «elle permet d'investir 44 millions de francs par année dans d'autres domaines de l'armée.» Le débat se poursuit.