«Bébel», Nelson Monfort...
Les souvenirs savoureux de Marc Rosset à Roland-Garros

Le jour où il a «envoyé chier» Nelson Monfort, celui où il a offert sa raquette à Jean-Paul Belmondo, mais aussi son plus grand regret... Marc Rosset, fidèle à lui-même, replonge dans ses exploits parisiens.
Publié: 20.10.2023 à 09:03 heures
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Dernière mise à jour: 20.10.2023 à 09:05 heures
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Aujourd'hui âgé de 52 ans, Marc Rosset reste le seul joueur suisse de l'histoire à avoir gagné l'or olympique en tennis.
Photo: Sven Thomann
Blick Sport

Marc Rosset était un joueur de tennis formidable, et il est devenu un consultant et un analyste du tennis tout autant appréciable. Son franc-parler, sa liberté de penser, son caractère et son humour sont un régal à écouter, et ses analyses s'appuient évidemment sur un immense vécu de joueur, champion olympique et demi-finaliste de Grand Chelem.

Le Genevois, invité à se pencher sur sa relation avec Roland-Garros, le fameux tournoi parisien, a délivré quelques anecdotes savoureuses en cette fin de semaine, notamment concernant le jour où Jean-Paul Belmondo l'a aidé à gagner un match! 

A pied au match le matin

«En fait, l'année où j'ai le mieux joué à Roland-Garros, je ne dormais pas à l'hôtel. Un ami m'avait prêté un appartement juste à côté et je venais à pied», explique-t-il aujourd'hui. Tranquille, le «Grand Marc» enchaîne les aces et les services gagnants et se relaxe le soir en regardant les films de Jean-Paul Belmondo dans le salon de son ami. «Il avait plein de cassettes vidéo, toute la collection. Chaque soir je me faisais un petit Belmondo. Le Magnifique, tout ça...»

La recette fonctionne, le Genevois cartonne ses adversaires alors même que ses matches se disputent très souvent à 11h, un horaire qu'il s'est surpris à apprécier. Alors qu'il pensait préférer jouer en soirée, il s'est rendu compte être très à l'aise après le petit-déjeuner. «En fait, j'avais un peu de mal à gérer l'attente jusqu'aux matches en soirée, quand tu es troisième ou quatrième du planning et que tu ne sais pas à quelle heure tu vas débuter. Je m'éparpillais trop», analyse-t-il avec le recul. 

«Bébel» fait tourner le match face à Bernd Karbacher

Puis arrive ce match face à Bernd Karbacher, où Marc Rosset déjoue face à un adversaire pourtant a priori abordable. «Ça se passait mal, c'est vrai. Et puis arrive ce changement de côté...» Le tennisman en difficulté s'assied sur sa chaise et entend une voix derrière lui qui l'encourage. «Allez Rosset, vas-y, allez Rosset...» Au bout d'un moment il se retourne et voit... Jean-Paul Belmondo! «Je me dis que ce n'est pas vrai, ça ne peut pas être possible... Mais c'était bien. Le mec était là dans sa loge à m'encourager à chaque changement de côté.»

Reboosté, le Genevois assomme son adversaire et se qualifie. Après le match, il a le bon réflexe: celui de lui offrir sa raquette. «Il m'a aidé à gagner, c'était normal!», sourit-il aujourd'hui. Le début d'une belle relation avec l'acteur, qui l'invitera à le rencontrer à Paris à plusieurs reprises et à venir voir ses pièces de théâtre.

Le court-central de Roland-Garros regorgeait de stars du cinéma, ce qui ne laissait pas le Genevois indifférent. Ainsi, un jour, il aperçoit Pierre Richard dans les tribunes. Réaction du plus grand serveur suisse de l'histoire? «Je suis allé le voir entre deux points, je suis allé lui dire que j'aimais beaucoup ce qu'il faisait! Voilà, c'était moi, j'étais comme ça...»

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Evidemment, entre deux discussions avec les plus grandes stars de l'histoire du cinéma français, Marc Rosset était un grand passionné de tennis, très respectueux des légendes du jeu. Sa classe, il l'a démontrée le jour où il a battu Stefan Edberg, alors que le cador suédois faisait ses adieux à Paris. «Après le match, je me suis éclipsé le plus vite possible. C'était lui qui méritait de rester sur le terrain et de dire au revoir au public, je n'avais pas envie de lui voler la vedette», se rappelle le Genevois, qui avoue avoir toujours eu un lien particulier avec Roland-Garros.

Roland-Garros, un sentiment particulier

«Quand j'étais gamin, je regardais toutes les finales de Roland-Garros à la TV», explique-t-il. Les victoires de Borg, la finale de Yannick Noah... Autant de souvenirs marquants, qui ressurgissent au moment de fouler soi-même la terre battue des courts du célèbre tournoi. «C'est sûr que c'est un sentiment particulier de jouer sur le Central que tu regardais à la TV quand tu étais gosse... J'ai appris à jouer sur terre battue et ce n'est pas un hasard que mes meilleurs résultats aient été obtenus sur cette surface. La victoire aux JO, la demi-finale à Roland-Garros... Et puis, bien sûr, à Paris, il y a cette proximité avec Genève, on est à trois heures de TGV. Tu as le sentiment d'être un petit peu plus à la maison.»

Nelson Monfort était déjà quasiment sur le terrain

Mais Paris a également ses nuisances. Outre la circulation et la pollution, les interviews d'après-match de Nelson Monfort sont un exercice auquel chaque tennisman essaie d'échapper, ce qui n'est pas toujours possible. Marc Rosset a une anecdote à ce sujet d'ailleurs, qui remonte à ce fameux match contre Stefan Edberg. «Je servais pour le match je crois et il était déjà quasiment sur le terrain. Je me rappelle l'avoir envoyé chier!», se marre le Genevois.

Il reste cependant un regret à Marco Rosset, évidemment, celui de n'avoir jamais atteint une finale de Grand Chelem. Il en a eu l'occasion à Roland-Garros face à Michael Stich lors de cette fameuse année 1996, mais il est passé à côté de sa demi-finale. «C'est un regret, c'est sûr. J'aurais aimé jouer Evgeni Kafelnikov en finale. Je ne dis pas que j'aurais gagné. Mais j'aurais aimé jouer...»

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