Une course contre la maladie
Charlie Dalin a remporté le dernier Vendée Globe atteint d'un cancer

Le navigateur Charlie Dalin révèle avoir remporté le Vendée Globe en luttant contre un cancer. Dans son livre «La Force du destin», il raconte son combat contre une tumeur stromale gastro-intestinale, diagnostiquée en 2023 et contre laquelle il lutte encore aujourd'hui.
Publié: 03:14 heures
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Lors de son Vendée Globe victorieux, Charlie Dalin n'a pas seulement bataillé contre la mer.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Gagner l'hiver dernier le Vendée Globe en 64 jours était déjà un exploit. Le navigateur Charlie Dalin révèle mercredi à l'AFP qu'il l'a accompli en se sachant atteint d'une forme rare de cancer, une maladie contre laquelle il se bat toujours et qui l'oblige à mettre sa carrière entre parenthèses.

Dans La Force du destin (Gallimard), un livre à paraître jeudi, le marin de 41 ans retrace deux années de lutte contre une tumeur stromale gastro-intestinale (GIST), diagnostiquée à l'automne 2023. A l'époque, il renonce à la Transat Jacques Vabre, qui s'élance de sa ville natale du Havre. Mais un an plus tard, il est bel et bien au départ du Vendée Globe, un tour du monde en forme de revanche, puisqu'il avait failli gagner l'édition 2020-2021.

«Si les médecins avaient eu des doutes, je n'y serais pas allé. Je n'aurais pas pris de risques vis-à-vis de ma femme et de mon fils. Navigateur, c'est mon métier, ils étaient contents que je reprenne le large», explique Dalin, ému. Coécrit avec le journaliste spécialisé Didier Ravon, le livre raconte l'incroyable triomphe d'un marin, qui fait face en même temps à un cancer et aux océans, sur la plus éprouvante des courses à la voile autour du monde.

«Montrer qu'on peut encore réussir»

Un témoignage qu'il voit comme un message d'espoir, pour montrer «ce que l'on peut encore réussir à faire, même malade». Aujourd'hui, confie-t-il, les signaux médicaux sont «stables», mais il a «perdu énormément de poids».

Sa tumeur, un cancer rare, a pris naissance sur la paroi externe de l'intestin grêle. Elle a entraîné d'importants maux de ventre et l'a obligé à adapter son alimentation et son sommeil. D'habitude, elle survient chez les personnes âgées de 60 ans et plus.

«Il y a beaucoup de gens qui vivent avec ce genre de maladie. Moi, j'ai déclaré ce truc-là à 39 ans. Aujourd'hui, je ne suis plus en état de faire de la course au large. Ma carrière est entre parenthèses, en pause... j'espère la plus courte possible», confie le navigateur rencontré à Concarneau, son port d'attache désormais.

La tumeur a progressé pendant la course

Depuis le diagnostic, Dalin a assidument pris son traitement quotidien, sur les pontons des Sables-d'Olonne comme en plein coeur des cinquantièmes hurlants. Il a aussi subi une opération en février, quelques semaines après son retour à terre, alors que la tumeur avait progressé.

«La date de l'opération aurait été sensiblement la même si je n'étais pas parti», dit Dalin, qui a «souvent réussi à oublier» la maladie alors qu'il naviguait autour du monde. Contacté par Gallimard avant son départ autour du monde pour poser par écrit ses aventures, il y voit l'opportunité, une fois revenu à terre, de se livrer enfin sur le cancer et s'y consacre tout l'été.

«Si ça sert à des gens qui traversent ce genre de choses, même quatre personnes, ça serait super», estime le navigateur, qui ne veut pas faire de son cas précis «une généralité». «Chaque cancer est différent. Il y a une part de mental et il y a une part que tu ne peux pas maîtriser. J'ai pu m'adapter car c'était un traitement simple auquel mon corps a bien réagi. Cette réalité n'est pas la même pour tout le monde», dit-il.

Avenir sportif incertain

Quelques semaines après son retour à terre, Dalin luttait pour marcher à cause de l'opération. «Mais peu importe que ça soit un Vendée Globe ou des tours de service à pied, l'important c'est d'avoir un objectif», estime-t-il. Début septembre, le navigateur normand a pu refaire une sortie technique sur l'Imoca Macif, confié temporairement au navigateur britannique Sam Goodchild pour les courses de l'année.

A l'issue de cette saison, l'avenir sportif du projet est pour l'instant indéterminé. Le marin estime qu'un exercice aussi lointain et éprouvant que le tour du monde n'est plus réaliste à envisager pour lui. «Le prochain Vendée Globe, ce n'est pas possible dans mon cas et dans l'état actuel de la science, mais je garde espoir de revenir un jour, peut-être sur des transatlantiques», glisse-t-il, déterminé.

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