Un talent nommé Alessio Migiano
Le coupe-tif d'Odermatt est notre nouvel espoir de la descente

Alessio Miggiano a dans le viseur un avenir couronné de succès sur le cirque blanc. Le talent du Zurichois, sur les skis comme tondeuse en main, est reconnu par un certain Marco Odermatt.
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Le Zurichois a décroché une place fixe pour la Coupe du monde.
Photo: Sven Thomann
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Marcel W. Perren

Depuis des années, le nom «Miggiano» fait saliver les gourmets. Domenico et Rita Miggiano dirigent le Gasthof Löwen à Bubikon (ZH) depuis le début des années 2000. Le chef, originaire du sud de l’Italie, a décroché une étoile Michelin. Et GaultMillau a qualifié le Löwen de «perle de l’Oberland zurichois», lui attribuant 16 points.

Cet hiver, c’est leur fils aîné qui se lance dans la chasse aux points, en Coupe du monde de ski alpin. Alessio Miggiano, 23 ans, est considéré comme l’un des plus grands espoirs du ski suisse. La saison dernière, il a terminé deuxième du classement général de la descente en Coupe d’Europe, ce qui lui a offert une place fixe en Coupe du monde.

Durant la préparation en vue de la saison olympique, le spécialiste de la vitesse a impressionné des descendeurs confirmés comme Niels Hintermann (deux victoires en Coupe du monde). «S’il continue comme ça, Alessio va nous offrir beaucoup de plaisir dans les années à venir», estime ce dernier.

En survêtement de GC pour le test du FCZ

Enfant, Alessio Miggiano s'est également fait remarquer sur les terrains de football. Junior E au FC Hinwil, il avait été repéré par les recruteurs du FC Zurich.

Mais sa tenue aurait pu le mettre immédiatement hors-jeu. «Lors du premier entraînement test, je suis venu avec un maillot du GC. Pour le deuxième, je portais celui du Barça. Et c’est là que j’ai été accepté dans l’équipe M13 du FCZ. L’entraîneur m’a dit que si j’étais encore venu avec le maillot du rival, cela aurait été beaucoup plus compliqué pour moi…»

Sa carrière au FCZ n’a toutefois pas duré. «J’étais un très mauvais perdant. J’ai donc choisi un sport où je pouvais tout influencer moi-même, victoire ou défaite: le ski!» À 15 ans, il rejoint l’école de sport d’Engelberg (OW), où il poursuit sa formation commerciale et progresse fortement comme skieur.

Marqué par un champion du monde

Il y a deux ans, Alessio Miggiano est passé dans le cadre B de Swiss-Ski, entraîné alors par l’ancien champion du monde de descente Franz Heinzer (1991). «Le temps passé avec Franz a été l’une des meilleures choses qui pouvait m’arriver», affirme-t-il. «Même à 63 ans, il vit encore à 100% pour le ski de compétition. Sa passion m’a beaucoup influencé et il m’a fait progresser dans tous les domaines.»

Que pense l'ex champion du monde du jeune Zurichois? «Au début en Coupe d’Europe, Alessio était plutôt un pilote casse-cou, il est d’ailleurs tombé deux fois au Lauberhorn. Mais il s’est beaucoup développé depuis», estime l’homme qui a remporté toutes les classiques de descente entre 1982 et 1993. «Il possède d’excellentes qualités physiques pour les disciplines de vitesse. Avec plus de 90 kilos, c’est un très bon glisseur. Et comme il aime aussi s’entraîner en géant, sa technique s’améliore sans cesse. En plus, il reste calme même dans les moments brûlants: un énorme atout pour un coureur.»

Depuis son arrivée en Coupe du monde, Alessio Miggiano est coaché par Vitus Lüönd, lui aussi originaire de Schwytz. «Avec Vitus, Alessio est entre de très bonnes mains», assure Heinzer. «Nous échangeons régulièrement et je sais qu’il fait du bon travail. Alessio va continuer à progresser.»

Un hobby inattendu

Mais Alessio Miggiano ne se distingue pas uniquement par ses qualités sportives: il s’est aussi fait une réputation de coiffeur dans l’équipe. «Tout a commencé avec une idée un peu folle à Engelberg», raconte-t-il. «Un camarade disait depuis des jours qu’il devait aller chez le coiffeur. Pour plaisanter, je lui ai dit que je pouvais lui couper les cheveux. Et à ma grande surprise, il m’a répondu: ‘OK, vas-y!’» Alessio Miggiano se lance alors, rasoir et ciseaux en main : «Et le résultat n’était pas si mal», sourit-il.

Depuis, avec une tondeuse professionnelle et un certain talent, les demandes affluent. «Après mon passage dans le cadre B, Livio Hiltbrand a été le premier à m’écrire. Pas pour me féliciter, mais pour dire: ‘Génial, j’ai un coiffeur gratuit pour toute la saison!’»

Le gardien de NHL Akira Schmid, lui, a proposé un vrai tarif. «Nous étions ensemble à l’école de recrues pour sportifs, à Macolin. Un soir, après la sortie, il m’a offert 90 dollars si je lui coupais les cheveux après 23 heures. Bien sûr que je l’ai fait», rigole-t-il.

Les compliments de Marco Odermatt

L’été dernier, après un entraînement en altitude à Zermatt, Thomas Tumler et Marco Odermatt se sont, eux aussi, assis sur la chaise de Alessio Miggiano. «Odi m’a montré une photo d’une coiffure qui plaisait beaucoup à sa copine Stella. Mais j’ai dû lui dire que ses cheveux bouclés ne s’y prêtaient pas vraiment. Je pense quand même qu’il était content du résultat.»

Odermatt le confirme: «Alessio a fait du très bon travail», assure la superstar. On saura bientôt, à Beaver Creek où la descente est prévue vendredi, si Alessio Miggiano se montre aussi précis sur les skis que derrière une tondeuse.

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