Un moment inattendu change tout pour Nadja Peter Steiner. Début janvier, lors du tournoi de Doha (Qatar), la cavalière de saut d’obstacles entre dans son écurie et découvre un cheval gris qu’elle ne connaît pas. Il s’agit de Mila, une jument de 13 ans que sa mère, Katharina Peter, lui a offerte en cadeau surprise et fait immédiatement installer dans un box.
Mila provient de l’élevage du légendaire cavalier allemand Ludger Beerbaum (61 ans), qui a mis fin à sa carrière avec cette jument il y a deux ans, à Aix-la-Chapelle. Resté à Doha pour le week-end, le champion olympique et multiple champion d’Europe aide la Suissesse à faire connaissance avec sa nouvelle monture de haut niveau. Nadja Peter Steiner l’engage aussitôt sur le parcours. «Le déclic s’est produit dès le début», raconte-t-elle, extrêmement reconnaissante envers sa mère «pour tout ce qu’elle fait pour moi et pour le sport équestre».
Six mois plus tard, Nadja Peter Steiner a passé avec succès le contrôle vétérinaire avec Mila, juste avant de s’élancer lors d'une séance d’entraînement à La Corogne, en Espagne, où débutent mercredi les Championnats d’Europe. Grâce à sa nouvelle partenaire, qu’elle décrit comme intelligente, affectueuse et «tout simplement fantastique», la cavalière s’est imposée pour figurer dans l’équipe suisse. Début juin, lors du CSIO de Saint-Gall, le duo signe un double sans-faute dans la Coupe des Nations. «Je suis de retour», déclarait-elle alors.
Des années de procédure
C’est un retour au plus haut niveau pour Nadja Peter Steiner, installée en France. Huit années se sont écoulées depuis sa dernière participation à un championnat d’Europe. En 2017, elle remportait le bronze par équipe à Göteborg (Suède) aux côtés de Steve Guerdat, Martin Fuchs et Romain Duguet. Mais quelques semaines plus tard, tout bascule. Début octobre, sa jument Saura de Fondcombe est contrôlée positive lors d’un test de médication, et la cavalière est suspendue à titre provisoire. Une longue procédure s’ensuit.
La substance incriminée est le Tramadol, un puissant analgésique utilisé uniquement en médecine humaine et interdit en équitation. La concentration retrouvée est infime, de l’ordre du nanogramme. L’origine de la contamination de Saura de Fondcombe ne sera jamais établie. Début 2020, la Fédération équestre internationale (FEI) prononce une suspension de deux ans. Mais quatre mois plus tard, le Tribunal arbitral du sport (TAS) l’annule et blanchit complètement Nadja Peter Steiner. L’affaire est désormais classée.
La cavalière reconstruit patiemment sa carrière. Elle ne qualifie toutefois pas les dernières années de difficiles: «C’étaient des années avec des chevaux plus jeunes, dans des épreuves plus petites, à un autre niveau», dit-elle. Une autre étape, tout aussi enrichissante. Mais aujourd’hui, Nadja Peter Steiner est prête à revenir sous les projecteurs, avec de nouvelles ambitions.