La course triomphale de Ditaji Kambundji (23 ans) vers la médaille d’or aux championnats du monde est aussi l’histoire d’une famille qui a vibré, tremblé et jubilé avec elle. Ses parents, Ruth et Safika Kambundji, ainsi que sa tante Edith Nafzger, étaient présents à Tokyo. Mais ses trois sœurs ont vécu ce moment chacune depuis un autre coin de Suisse.
Mujinga Kambundji (33 ans) raconte: «L’aînée devait travailler. La cadette était en route pour Londres. Je me suis dit: je ne peux pas regarder toute seule. Je suis donc allée chez notre grand-mère».
La grand-mère, Hanni Nafzger, occupe une place immense dans le cœur des quatre sœurs – et réciproquement. «Sinon, elle aurait dû regarder seule. D’habitude, notre tante est souvent avec elle lors des courses. Mais cette fois, elle était aussi au Japon. Je n’étais pas si nerveuse que ça. Je savais qu’une médaille était possible, et même la victoire si la course était parfaite.»
«Les gens ne comprenaient pas ce qui se passait»
Et le voyage de Muswama Kambundji (29 ans) vers Londres? Était-elle déjà dans l’avion au moment de l’exploit, découvrant un téléphone saturé de messages à l’atterrissage? «J’étais encore à l’aéroport de Zurich», explique-t-elle à Blick. Elle se souvient d’une atmosphère étrange: «À la porte d’embarquement, tout le monde attendait tranquillement. Moi, je regardais les images, les mains en l’air, presque en pleurs de joie!» Muswama rit: «Les gens ne comprenaient pas vraiment ce qui m’arrivait. Ça devait paraître un peu fou».
Installée depuis des années à Londres, la deuxième plus jeune des sœurs revient désormais régulièrement en Suisse pour des camps d’entraînement. Son rêve: participer aux Jeux olympiques d’hiver comme pousseuse de bobsleigh.
Ce que cela lui fait que sa petite sœur soit déjà championne du monde? «Quand on se dit, le lendemain, qu’à 23 ans, elle est vraiment la meilleure du monde sur les haies, c’est incroyable. Je suis extrêmement fière d’elle.»
La fierté de Mujinga, l’athlète confirmée
L’émotion est tout aussi forte pour Mujinga, figure majeure de l’athlétisme suisse. «Nous sommes tous très heureux pour elle, nous adorons Didi», confie la sprinteuse, elle-même médaillée mondiale. Elle ajoute avec un regard de sportive accomplie: «La porte que j’avais timidement ouverte en 2019 avec le bronze, elle l’a franchie en grand. Elle a montré que nous faisons partie des meilleures du monde et que nous pouvons remporter des titres mondiaux».
Comme les trois sœurs avaient vécu le triomphe chacune de leur côté, elles se sont ensuite retrouvées dans un appel vidéo commun. Muswama se souvient: «Nous avions déjà échangé avec nos parents sur place, mais Didi n’avait pas encore pu se connecter. L’appel a eu lieu à 2 heures du matin au Japon».
«Tout le monde a raconté comment il avait vécu la course et à quel point nous étions fiers», poursuit Muswama. «Didi a dit qu’elle ne se souvenait même plus de tout ce qu’elle avait déclaré à la télévision. Mais nous avons pu lui confirmer qu’elle avait été parfaite.»