«Vers l'Est plutôt que vers l'Ouest»
A Prague, des milliers de Tchèques manifestent contre Andrej Babis

Lundi, des milliers de personnes se sont réunies dans les rues de Prague afin de dénoncer le virage à droite – et à l'Est – que veut donner Andrej Babis à la République tchèque. Des manifestations ont également eu lieu en Slovaquie, contre Roberto Fico.
Publié: 19:56 heures
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Dernière mise à jour: 19:57 heures
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Cette mobilisation s'est effectuée dans le cadre des commémorations de la Révolution de Velours.
Photo: AFP
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ATS Agence télégraphique suisse

Des milliers de Tchèques se sont rassemblés à Prague lundi à l'occasion des commémorations de la Révolution de Velours. Ils accusent le gagnant des élections Andrej Babis de vouloir trahir l'héritage de la transition vers la démocratie.

Le 17 novembre 1989, les communistes tchécoslovaques avaient réprimé une marche pacifique, déclenchant une riposte qui a renversé le régime affidé à Moscou, après quatre décennies de dictature. Cette révolution a restauré la démocratie en Tchécoslovaquie, qui s'est ensuite scindée en République tchèque et en Slovaquie quatre ans plus tard. Puis les deux pays ont intégré l'Union européenne (UE).

Une partie de la population tchèque s'oppose au milliardaire Andrej Babis, arrivé en tête des élections en octobre et qui cherche à monter un gouvernement avec deux partis eurosceptiques. Le rassemblement dans le centre de Prague a pour mot d'ordre «La République tchèque n'est pas à vendre», et des banderoles hostiles à Andrej Babis étaient nombreuses. «Je ne veux pas perdre la liberté acquise», a déclaré à l'AFP Jachym Prokop, un étudiant de 19 ans, drapeau de l'UE sur ses épaules. Andrej Babis «nous entraîne vers l'Est plutôt que vers l'Ouest», a-t-il ajouté.

Accusé de fraude

En 2019, ce même mouvement avait réuni 250'000 personnes contre Andrej Babis lors de son premier mandat, dans un pays qui compte 10,9 millions d'habitants. Mais il a remporté les élections une seconde fois en octobre et forme actuellement son gouvernement pour diriger le pays à nouveau. Cet admirateur du président américain Donald Trump, âgé de 71 ans, s'est allié au parti d'extrême droite SPD. Il a offert à son responsable, Tomio Okamura, poursuivi pour incitation à la haine, la présidence du parlement.

Anciennement communiste, Andrej Babis est aussi accusé de fraude aux subventions européennes. Il nie tout acte répréhensible, dénonçant une campagne de diffamation. Selon l'un des organisateurs, Mikulas Minar, ce nouveau gouvernement émerge donc sur un possible «pacte mafieux», deux inculpés étant à présent en position de s'offrir mutuellement l'immunité contre la justice.

Manifestations en Slovaquie

En Slovaquie, c'est contre le Premier ministre Robert Fico que se mobilisent les opposants dans plusieurs localités, dont la capitale, Bratislava. Le dirigeant revenu au pouvoir en 2023 «prend des mesures contraires à la démocratie qui nous ramènent avant 1989», estime un organisateur, Marian Kulich.

Roberto Fico, 61 ans, anciennement communiste lui aussi, exerce son quatrième mandat également grâce au soutien d'un parti d'extrême droite, le SNS. «Nos responsables appartiennent à la même caste de gens qui s'échange les postes», déplore le retraité Slavomir Chorvat.

Sur le modèle de la Hongrie voisine, Robert Fico combat les ONG, remplace les élites culturelles et sape l'indépendance des médias. Il a aussi fait renouer la Slovaquie avec la Russie, malgré l'invasion russe de l'Ukraine, pays qu'il refuse de soutenir.

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