Vague de censure
Au bord de la guerre avec le Pakistan, l'Inde ordonne à X de bloquer plus de 8000 comptes

L'Inde ordonne à X de bloquer plus de 8000 comptes, dont ceux de médias internationaux, en pleine tension avec le Pakistan. Le réseau social se conforme à contrecœur, dénonçant une censure contraire à la liberté d'expression.
Publié: 15:22 heures
Le gouvernement indien met la pression sur X et menace de lourdes sanctions.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

L'Inde a ordonné à X de bloquer plus de 8000 comptes dont ceux de médias internationaux, a annoncé jeudi le réseau social, disant se conformer à contrecœur à ce qu'il dénonce comme une «censure», en pleine tension militaire avec le Pakistan. Ces derniers jours, New Delhi a exigé l'interdiction en Inde de plusieurs comptes de figures politiques, de célébrités ou encore de médias pakistanais, alors que les deux puissances nucléaires rivales ont connu cette semaine leur plus fort niveau de violences depuis deux décennies, selon les experts.

«X a reçu l'ordre du gouvernement indien de bloquer plus de 8000 comptes en Inde, sous peine de sanctions potentielles, dont des amendes importantes et l'emprisonnement des employés locaux de l'entreprise», a déclaré le réseau social dans un communiqué. La plateforme du milliardaire Elon Musk n'a pas précisé quels comptes étaient affectés, rapportant toutefois qu'il s'agissait notamment de médias internationaux et d'autres utilisateurs de premier plan.

Censure et piratage

Cette annonce survient un jour après que Meta a interdit en Inde, à la demande de New Delhi, l'une des pages consacrées aux musulmans les plus suivies sur Instagram. Dans la plupart des cas, le gouvernement indien n'a pas désigné les posts qui ont selon lui violé les lois du pays et n'a pas non plus fourni de justification pour de nombreux comptes, a précisé X. Tout en confirmant avoir commencé à procéder à ce blocage, X a exprimé son désaccord sur le fond: il correspond à «une censure du contenu existant et futur» et est «contraire au droit fondamental à la liberté d'expression».

«Cette décision n'est pas facile à prendre, mais il est essentiel que la plateforme reste accessible en Inde», a expliqué l'entreprise. La montée des tensions entre l'Inde et le Pakistan a déclenché une avalanche de fausses informations en ligne. Vendredi, les autorités pakistanaises ont annoncé que les comptes sur X du ministère des Affaires économiques et de l'Autorité gérant le port de Karachi, la capitale économique, avaient été piratés.

«L'Inde a piraté le compte X du port de Karachi et y a publié de fausses informations», indique un communiqué, précisant que le compte «a ensuite été restauré». De même, le ministère des Affaires économiques a accusé «un pirate d'avoir publié un post sur les tensions actuelles entre le Pakistan et l'Inde avec lesquelles le ministère n'a aucun lien».

Cyberattaques en hausse

Le département de la cybersécurité d'Islamabad a mis en garde les 240 millions de Pakistanais contre des cyberattaques en hausse via des mails, des QR codes ou des messages envoyés sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie. L'Inde a également bloqué une dizaine de chaînes YouTube pakistanaises, dont celles de médias, pour des «contenus provocateurs».

Quant aux deux domaines qui font l'unanimité dans les deux pays nés en 1947 d'une douloureuse partition, le cinéma et le cricket, ils n'ont pas non plus été épargnés. Les comptes en ligne des stars pakistanaises de Bollywood Fawad Khan et Atif Aslam étaient inaccessibles en Inde, de même que ceux des champions de cricket Babar Azam ou Shahid Afridi.

New Delhi et Islamabad sont engagés dans leur pire confrontation militaire depuis plusieurs décennies et s'accusent mutuellement d'avoir mené des attaques de drones, aggravant l'inquiétude de la communauté internationale. Vendredi, les armées des deux pays ont échangé d'intenses tirs d'artillerie après des frappes indiennes au Pakistan visant, selon New Delhi, le groupe qu'il accuse d'avoir commis l'attentat du 22 avril dans sa partie du Cachemire. Ces bombardements ont fait une cinquantaine de morts dans les deux camps, quasiment tous civils.

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