Stupeur au Honduras
Trump choque en voulant gracier un ex-leader qui a noyé l'Amérique sous la cocaïne

En pleine lutte contre le trafic de drogue au Venezuela, Donald Trump fait une annonce choc: il compte gracier l'ancien président du Honduras, condamné à 45 ans de prison pour avoir inondé l'Amérique de cocaïne pendant plus de 20 ans.
L'ancien président du Honduras, Juan Orlando Hernández, a été condamné à 2024 à 45 ans de prison, notamment pour trafic de drogue.
Photo: AP
Léa Perrin
Léa PerrinJournaliste Blick

Corruption, pots-de-vin, trafic de drogue, possession d'armes... l'ancien président du Honduras, Juan Orlando Hernández, a un casier long comme le bras. Pourtant, malgré sa condamnation à 45 ans de prison pour trafic de drogue et association criminelle, Donald Trump a annoncé vendredi qu'il gracierait l'ex-leader, victime selon lui de persécution politique, rapporte le «New York Times» samedi 29 novembre.

Le procès de Juan Orlando Hernández à New York en 2024 avait dévoilé l'ampleur de l'implication de l'ancien président conservateur dans la corruption et la violence du narcotrafic qui ravage le Honduras... mais aussi les Etats-Unis. Il avait notamment été épinglé pour avoir pris part à un vaste système de trafic de drogue ayant permis l'acheminement de plus de 500 tonnes de cocaïne vers les Etats-Unis sur plus de 20 ans. 

Liens étroits avec les US

Le Honduras est depuis longtemps étroitement lié aux Etats-Unis. D'une part comme le siège de vastes plantations de bananes appartenant à l'entreprise américaine Chiquita. Puis comme emplacement d'une base clé utilisée pour les efforts de contre-insurrection soutenus par les Etats-Unis et enfin dans un effort de lutte contre le trafic de stupéfiants.

Trump a d'ailleurs reconnu Juan Orlando Hernández comme le vainqueur de l'élection contestée de 2017 et comptait sur lui pour endiguer l'immigration clandestine et le trafic de drogue. L'administration Biden le considérait aussi comme un allié clé en Amérique centrale dans sa lutte contre les migrations. Mais des années de corruption ont finalement rattrapé le président déchu qui a été arrêté à la demande des Etats-Unis, puis extradé pour y être jugé. 

Meurtres, corruption et lien avec El Chapo

L'ancien président hondurien, qui s'était vanté de «fourrer la drogue dans le nez des gringos et ils ne s'en rendront même pas compte», aurait également accepté un pot-de-vin d'un million de dollars d'«El Chapo», célèbre narcotrafiquant mexicain (de son vrai nom Joaquín Guzmán) pour laisser passer des cargaisons de cocaïne à travers le Honduras. Il aurait mobilisé police et armée pour protéger les trafiquants de divers cartels, truqué des élections grâce à l’argent de la drogue et fait assassiner des complices pour se couvrir. 

Son mandat, marqué par une explosion de la violence et de la corruption, avait suscité une profonde colère populaire au Honduras. Selon l'accusation, sa carrière politique était financée par l'argent de la drogue depuis 2009. Il aurait par ailleurs fait gagner des millions aux cartels tout en faisant du Honduras l'un des pays les plus pauvres d'Amérique centrale. 

Retournement de situation et climat tendu

Mais voilà que Donald Trump a provoqué une nouvelle onde de choc vendredi 28 novembre. Le président américain a annoncé qu'il accorderait une grâce «totale et complète» à Juan Orlando Hernández, affirmant sans aucune preuve à l'appui que ce dernier était victime de persécution politique. 

Ce retournement de situation tombe en pleine élection présidentielle hondurienne, où Donald Trump s’est déjà immiscé en soutenant ouvertement le candidat de droite Nasry Asfura (en tête selon les premiers résultats), issu du même parti que l’ex-président condamné. Ce geste, dénoncé comme une ingérence par la gauche, accentue les tensions autour d’un scrutin déjà explosif dans un pays miné par le trafic et les soupçons de fraude.

Dans un climat régional déjà extrêmement tendu, cette nouvelle intervient alors que Trump fait augmenter la pression américaine sur Nicolás Maduro au Venezuela. La tension est à son comble dans les Caraïbes où les Etats-Unis orchestrent un déploiement militaire pour lutter contre le narcotrafic.

Espoir envolé

Même si Juan Orlando Hernández a toujours nié son implication criminelle, les témoignages sont accablants: sacs d'argent liquide, une mitrailleuse à son nom, preuves de multiples pots-de-vin. Pour nombre de Honduriens, sa condamnation représentait une rare victoire contre l’impunité.

La décision du président américain renverse de façon spectaculaire l'un des dossiers antidrogue les plus retentissants des dernières années et suscite l'incompréhension la plus totale aux Etats-Unis comme au Honduras. Certains voyaient dans cette affaire un symbole de justice pour un pays rongé par la violence et la pauvreté. Une justice qui semble s'être évaporée.

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