Le centre de détention controversé pour migrants surnommé «l’Alcatraz des alligators» pourrait être vidé de ses derniers occupants d’ici peu de temps. L’information provient d’un courriel envoyé le 22 août par Kevin Guthrie, directeur exécutif de la Division de la gestion des urgences de Floride, à un rabbin proposant ses services d’aumônerie, rapporte CNN.
«Nous allons probablement être réduits à zéro personne d’ici quelques jours», écrit-il, laissant entendre que ses services ne seront bientôt plus nécessaires. Ces révélations surviennent alors qu’une juge fédérale a ordonné, le 21 août, la fermeture du site sous 60 jours, une décision immédiatement contestée par le gouverneur républicain Ron DeSantis.
Présenté comme la vitrine de la politique anti-immigration ultra-agressive de Donald Trump, qui s’était rendu sur place lors d’une visite officielle, le centre avait été bâti en seulement huit jours et inauguré le 1er juillet. Mais il a rapidement été dénoncé pour ses conditions de détention jugées «insalubres» et «inhumaines».
La Floride et Washington se renvoient la balle
Ron DeSantis attribue la baisse rapide du nombre de détenus à une intensification des déportations menées par le Département de la sécurité intérieure (DHS). Il a néanmoins reconnu que la procédure judiciaire en cours pouvait influencer le rythme des expulsions. Le gouvernement fédéral réfute cependant cette version et assure que la gestion et le maintien du centre relève exclusivement de la Floride, financée par des fonds publics de l’Etat.
Ouvert pour accueillir jusqu’à 3000 migrants, le site a hébergé près de 1000 détenus à son pic. Mais, selon un élu démocrate ayant visité les lieux la semaine dernière, il n’en restait déjà plus que 300 à 350.
Des recours multiples
La Floride a fait appel de la décision de fermeture, mais deux autres recours visent également le centre. Les tribus Miccosukee et des groupes environnementaux estiment que le site menace des zones écologiquement sensibles des Everglades et viole les lois fédérales sur l’environnement.
De leur côté, des avocats de la défense des droits civiques évoquent «du jamais vu dans le système d'immigration»: détenus introuvables dans les registres, absence de décisions de mise en liberté, nourriture infestée de vers, toilettes hors service, inondations d’eaux usées, moustiques omniprésents.
Reste à savoir si la fermeture de «l’Alcatraz des alligators» marquera la fin d’une expérimentation controversée… ou seulement le déplacement du problème vers un autre centre de rétention.