«Ce qu'il s'y passe est inhumain!»
Une ex-employée de la prison Alligator Alcatraz de Trump témoigne

Au cœur de la réserve de Big Cypress, en Floride, se trouve une immense prison où des centaines de migrants attendent leur renvoi du territoire américain. Une ancienne employée le confirme: les conditions de détention sont cruelles et parfaitement inhumaines.
Publié: 20:02 heures
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Donald Trump est toujours aussi enthousiaste à l'égard de son projet de méga-prison pour migrants.
Photo: AFP
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Angela Rosser

Il existe un mythe selon lequel les agents fédéraux américains élevaient autrefois des crocodiles dans les douves pour se protéger des intrus. Ce n'est qu'une légende, mais le président américain Donald Trump s'en est tout de même inspiré pour son gigantesque centre de détention pour migrants: Alligator Alcatraz.

Pour montrer à quel point il prend au sérieux sa promesse électorale d'expulser le plus rapidement tous les migrants délinquants des Etats-Unis, Trump a fait construire en quatrième vitesse cette méga-prison qui se dresse au milieu des marécages peuplés d'alligators et de pythons. 

Dans la foulée, le président a annoncé que le centre de détention serait aussi résistant à l'évasion que la célèbre île-prison d'Alcatraz, d'où son nom. Depuis que la prison est en service, de plus en plus de rapports font état de conditions inacceptable. Des accusations que le gouvernement rejette avec véhémence.

Manque d'hygiène

«Les logements regorgent de vermine, a déclaré Katie Blankenship, avocate de quelque 750 détenus, à la chaîne de télévision allemande ARD. De plus, il y a régulièrement des inondations.» L'un des détenus a raconté à la chaîne américaine CNN qu'ils n'avaient qu'un accès limité aux douches et que les toilettes étaient régulièrement bouchées. Il décrit sa détention comme «une longue séance de torture».

Soins médicaux et nourriture

Alors que le gouvernement a assuré aux détenus qu'ils recevraient trois repas chauds par jour et des soins médicaux, Katie Blankenship dément: «En réalité, les détenus ne reçoivent qu'un seul repas par jour», dit-elle. Elle ajoute que les soins médicaux ne sont pas non plus garantis.

Risques naturels et chaleur

Plusieurs détenus dorment sous des tentes avec des lits superposés. Lors de sa première visite, Trump a mentionné des climatiseurs pour réguler la chaleur dans les tentes. Problème: ils tombent régulièrement en panne. De plus, les tentes ne seraient pas étanches et la pluie s'infiltrerait. Beaucoup estiment qu'il est peu probable que ces abris résistent à un ouragan ou à de fortes rafales.

Remplie d'innocents

Toujours selon Katie Blankenship, environ un tiers des détenus seraient innocents, tandis qu'un autre tiers n'aurait commis que des délits mineurs, comme des infractions au code de la route par exemple. Il serait donc totalement faux d'affirmer que seuls les pires criminels sont enfermés ici. «C'est une propagande dangereuse», explique-t-elle. Le mois dernier, un rapport de Human Rights Watch a constaté que près de 72% des personnes arrêtées par les services de l'immigration et des douanes n'avaient aucun casier judiciaire.

Une ancienne employée se confie

Dans une interview accordée à NBC News, où elle est simplement appelée «Lindsey», une ancienne employée de la prison parle des conditions qui y règnent. «La façon dont ils détiennent les détenus est inhumaine», confie-t-elle.

«
Entre 35 et 38 personnes sont entassées dans des cages
Lindsey, ancienne employée de la prison Alligator Alcatraz
»

Par ailleurs, les employés de la prison doivent, eux aussi, utiliser des toilettes mobiles et n'auraient pas eu d'eau chaude la moitié du temps. «Les canalisations étaient toujours bouchées», raconte-t-elle. Pour ce qui est des dortoirs, elle raconte «qu'entre 35 et 38 personnes sont entassées dans des cages. Ils n'ont même pas accès à lumière du jour. Il n'y a pas d'horloge. Ils ne savent plus l'heure qu'il est et perdent petit à petit la raison», s'indigne-t-elle. Elle a également confirmé que les jours de pluie, l'eau s'infiltrait dans les tentes et que les détenus sont alors constamment harcelés par les moustiques.

Le gouvernement dément la grève de la faim

En raison des conditions inhumaines qui règnent à «Alligator Alcatraz», près de la moitié des détenus ont entamé une grève de la faim, a rapporté CNN. Le ministère de la Sécurité intérieure a démenti cette information sur X et l'a qualifiée de «fake news».

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