Il change encore de camp
Viktor Orban pourra utiliser le pétrole de Poutine grâce à Trump

Donald Trump envisage d'accorder à la Hongrie une dérogation aux sanctions américaines sur le pétrole russe. Lors d'une rencontre avec Viktor Orban à Washington, le président américain a appelé l'UE à respecter la Hongrie.
Publié: 07.11.2025 à 22:10 heures
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Dernière mise à jour: 07.11.2025 à 22:52 heures
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Donald Trump envisage d'accorder à la Hongrie une dérogation aux sanctions américaines sur le pétrole russe.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Donald Trump a exempté la Hongrie des sanctions américaines sur le pétrole russe, dont le pays européen est très dépendant, a affirmé vendredi sur X le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto.

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«Résultat majeur de la rencontre d'aujourd'hui (entre le président américain Donald Trump et le Premier ministre hongrois Viktor Orban): les Etats-Unis ont accordé à la Hongrie une exemption illimitée des sanctions sur le pétrole et le gaz russe. Nous sommes reconnaissants de cette décision qui garantit la sécurité énergétique de la Hongrie», a-t-il écrit. Donald Trump avait envisagé d'accorder à la Hongrie une dérogation aux sanctions américaines liées au pétrole russe pendant leur rencontre à la Maison Blanche ce vendredi 7 novembre. 

«Nous étudions ça, parce qu'il est très difficile pour lui d'obtenir le pétrole et le gaz d'autres régions. Comme vous le savez, il ne bénéficie pas d'un accès à la mer», a déclaré le président américain devant la presse. Viktor Orban a indiqué que pendant leur réunion bilatérale, il expliquerait à Donald Trump quelles seraient les «conséquences» pour la Hongrie de «ne plus avoir de gaz et de pétrole russe». «Nous sommes approvisionnés par oléoduc et gazoduc», a-t-il déclaré. 

Le mois dernier, les Etats-Unis ont imposé des sanctions aux deux plus grands producteurs de pétrole russes – Rosneft et Lukoil – face au refus de la Russie de mettre fin à la guerre en Ukraine. Et ils ont réclamé aux pays comme la Hongrie de se «sevrer» des sources d'énergie russes.

«Ils devraient respecter la Hongrie»

Or le pays d'Europe centrale dépend fortement du pétrole russe. Les sanctions américaines mettent potentiellement en danger Viktor Orban à quelques mois de la tenue d'élections législatives, que le nationaliste, au pouvoir depuis 2010, n'est pas sûr de remporter, selon les sondages. «Je le soutiens. Il a fait un travail fantastique», a dit Donald Trump.

Le dirigeant hongrois avait rendu visite trois fois l'année dernière à Donald Trump, à chaque fois dans sa résidence Mar-a-Lago, en Floride, dont deux fois avant la réélection du milliardaire. Les deux hommes ont à nouveau exposé leurs affinités idéologiques vendredi.

Donald Trump a exhorté l'Union européenne à «respecter» la Hongrie et son Premier ministre, qui s'est plaint des sanctions financières imposées par l'UE sur Budapest pour ses politiques migratoires. «Ils devraient respecter la Hongrie et respecter ce dirigeant très, très fortement, parce qu'il a eu raison sur l'immigration», a déclaré Donald Trump, jugeant que les Européens pourraient «s'inspirer» de son invité.

Le président américain a lui-même mis en place une brutale politique anti-immigration depuis son retour à la Maison Blanche en janvier. Viktor Orban a de son côté appelé à lancer un «âge d'or» pour la relation entre les Etats-Unis et la Hongrie, reprenant l'une des expressions préférées de Donald Trump.

Une pique à l'Ukraine

«Nous sommes le seul gouvernement en Europe qui se considère comme un gouvernement chrétien moderne. Tous les autres gouvernements en Europe sont progressistes, gauchistes», selon lui. Il a aussi critiqué la politique de l'UE face à la guerre en Ukraine, assurant que «les seuls gouvernements favorables à la paix étaient les Etats-Unis et la petite Hongrie.»

Donald Trump, qui avait un temps envisagé de rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine à Budapest pour tenter de faire cesser le conflit, a une nouvelle fois assuré vendredi, sans donner de précision, qu'il pensait pouvoir mettre fin aux hostilités «dans un avenir pas si lointain».

Rare dirigeant européen proche à la fois du président américain et du président russe, Viktor Orban n'a pas cherché à diversifier massivement ses importations depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022. Donald Trump «a déjà prouvé qu'il était prêt à aider ses alliés idéologiques», en particulier à l'approche d'élections, rappelle à l'AFP Daniel Hegedus, expert de l'Europe centrale et orientale auprès du German Marshall Fund.

Washington a par exemple volé au secours financièrement du président argentin Javier Milei, un autre ardent partisan de Donald Trump. Viktor Orban - qui a refusé d'envoyer une aide militaire à l'Ukraine et s'oppose à la candidature de Kiev à l'UE - affronte régulièrement les instances européennes sur des questions de respect de l'État de droit notamment.

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