La Première ministre italienne Giorgia Meloni ne voit pas dans la nouvelle stratégie de sécurité américaine une rupture dans les relations entre l'Europe et les Etats-Unis. Lors d'un entretien télévisé, elle a souligné que les dernières évaluations de Washington s'inscrivaient dans un «débat plus long» sur le rôle de l'Europe dans l'architecture de la sécurité mondiale.
La cheffe du gouvernement italien fait référence à la nouvelle «Stratégie de défense nationale» publiée le 4 décembre 2025 par la Maison Blanche, et qui prévoit un «effacement civilisationnel» de l'Europe. Ce document critique sévèrement la politique de l'UE comme une menace pour les intérêts américains et déplore la perte de la démocratie et de la liberté d'expression sur le Vieux Continent.
Prendre exemple sur les Etats-Unis
Le document exige un changement de cap à Bruxelles et dresse un tableau sombre de la situation européenne, ce qui suscite scepticisme et opposition au sein de l'UE. Il souligne la priorité accordée par Trump aux intérêts nationaux américains par rapport à la solidarité transatlantique. Dans ce document, Trump reproche à l'Europe son «manque de confiance en soi» et peint même le diable sur la muraille. Le «déclin économique de l'Europe est éclipsé par la perspective réelle et bien plus sombre de l'extinction de la civilisation».
Giorgia Meloni a pour sa part souligné la nécessité pour l'Europe de renforcer sa capacité de défense de manière autonome. «Si vous sous-traitez votre sécurité à quelqu'un d'autre, vous devez savoir qu'il y a un prix à payer», a-t-elle déclaré à chaîne privée italienne La7. La cheffe du gouvernement fait ainsi référence à une demande récurrente de plus d'autonomie européenne au sein de l'alliance transatlantique.
Giorgia Meloni a en revanche évité d'attaquer frontalement le président américain et a mis en avant les intérêts communs. Dans le même temps, elle a clairement indiqué que les Etats-Unis poursuivaient leurs propres intérêts – et que l'Europe devait apprendre à en faire de même.
Kaja Kallas tempère
Le document publié jeudi par la Maison Blanche a également fait réagir Bruxelles. Les Etats-Unis restent «le plus grand allié» de l'Union européenne, a affirmé samedi la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas.
«Bien sûr, il y a beaucoup de critiques, mais je pense que certaines d'entre elles sont également fondées», a dit l'Estonienne lors d'une conférence à Doha. «Les Etats-Unis restent notre plus grand allié (...) nous n'avons pas toujours été d'accord sur différents sujets, mais je pense que le principe général reste le même. Nous sommes les plus grands alliés et nous devons rester unis», a-t-elle ajouté.