Les Etats-Unis sont engagés dans un «conflit armé» contre les cartels du narcotrafic, a décrété Donald Trump dans une notice envoyée par le Pentagone au Congrès. Cette prise de position vise à appuyer légalement les opérations récentes de Washington au large du Venezuela.
La lettre, obtenue par l'AFP d'une source parlementaire qui a requis l'anonymat, intervient après le déploiement fin août de plusieurs navires militaires dans la mer des Caraïbes, et la destruction d'au moins trois embarcations dans cette zone, impliquées selon Washington dans du trafic de drogue. Ces opérations ont fait au moins 17 morts.
Des juristes ont souligné que ces frappes sortaient de tout cadre juridique, et cette déclaration officielle vise, pour l'administration Trump, à servir de justification légale aux opérations engagées au large du Venezuela. Un tel rapport au Congrès «est requis légalement (...) à la suite de tout événement où les forces armées américaines ont été impliquées dans une attaque», a précisé à l'AFP un responsable de la Maison Blanche.
Notice dévoilée par le «New York Times»
«Comme nous l'avons affirmé à maintes reprises, le président a agi conformément au droit des conflits armés pour protéger notre pays de ceux qui tentent d'apporter du poison mortel sur nos côtes», a aussi soutenu Anna Kelly, porte-parole adjointe de la Maison Blanche. Cependant, la Constitution américaine dispose que seul le Congrès a la capacité de déclarer la guerre, jetant encore le doute sur la validité d'une déclaration de «conflit armé» aussi vaste.
Les cartels impliqués dans le narcotrafic sont devenus au fil des dernières décennies «plus armés, mieux organisés, et violents», précise la notice. Elle poursuit: «ils provoquent illégalement et directement la mort de dizaines de milliers de citoyens américains chaque année», estime le Pentagone dans cette lettre révélée en premier lieu par le «New York Times».
«En réponse (...), le président a déterminé que les Etats-Unis étaient engagés dans un conflit armé non-international avec ces organisations terroristes désignées», poursuit la notice. Washington a accusé le président vénézuélien Nicolas Maduro et son gouvernement d'être à la tête d'une vaste organisation de trafic de drogue vers les Etats-Unis.
Caracas dément les accusations de Trump
Caracas dément vigoureusement ces accusations et, en réponse au déploiement américain considéré comme une «menace militaire», a lancé des exercices militaires et la mobilisation de réservistes. Le gouvernement vénézuélien a condamné jeudi l'"incursion illégale» de chasseurs américains dans une zone sous son contrôle aérien.
Caracas a affirmait que la présence américaine mettait en danger la sécurité de l'aviation civile et commerciale dans les Caraïbes, dans un communiqué. Le ministre vénézuélien de la Défense avait dénoncé plus tôt le survol de cinq avions de combat américains près des côtes du pays.