Ridiculisé par Maduro
Pourquoi le blocus de Trump n'a aucun effet sur ce pétrolier vénézuélien

Washington lance une offensive majeure pour s'emparer du pétrole vénézuélien, mais c'est précisément en haute mer qu'il lui manque la puissance nécessaire. Bella 1, le pétrolier de Maduro, continue d'échapper au contrôle des américains, malgré le blocus total annoncé.
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Les forces spéciales américaines tentent depuis plusieurs jours d'aborder le superpétrolier vénézuélien Bella 1.
Photo: Screenshot marinetraffic.com
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Daniel Kestenholz

Après des déclarations fracassantes, Washington chasse les exportations de pétrole vénézuélien. Mais le cas du pétrolier en fuite Bella 1 révèle le fossé entre ses menaces et ses actes. Le superpétrolier, appartenant vraisemblablement à Nicolás Maduro, défie les ordres américains, tandis que les garde-côtes attendent des renforts.

Le président américain Donald Trump avait déclaré que le contrôle du pétrole vénézuélien était une «priorité absolue». Le blocus total de la flotte sanctionnée vise donc à paralyser l'économie du régime de Maduro.

D'après Trump, Caracas utiliserait le commerce du pétrole pour financer la drogue, le terrorisme et le trafic d'êtres humains. Il affirme que la marine américaine aurait déployé «la plus grande armada que l'Amérique du Sud ait jamais connue». Après la saisie spectaculaire du pétrolier Skipper, Trump s'est même vanté d'avoir pris le contrôle du plus grand pétrolier jamais saisi.

Quand le discours s'effondre

Mais la réalité en haute mer est moins triomphante. Depuis plusieurs jours, le Bella 1 refuse l'accès à bord aux garde-côtes américains. Selon Reuters, se référant à des sources américaines proches du dossier, plusieurs tentatives d'embarquement ont échoué.

Et si la force n'a pas été utilisée pour prendre le contrôle du bateau, c'est juste par manque de moyens. Les Maritime Security Response Teams, hautement spécialisées et entraînées pour de telles opérations, n'étaient tout simplement pas disponibles. Et les forces d'élites des garde-côtes sont en sous-effectif.

Cette situation semble d'autant plus embarrassante après l'annonce de Washington d'agir plus rigoureusement contre la «flotte fantôme» du Venezuela. Nicolás Maduro dénonce une «piraterie sous couvert de sanctions», tandis que la Chine et la Russie mettent en garde contre la militarisation du commerce maritime.

Beaucoup d'air chaud

Derrière ces dysfonctionnements opérationnels se cache un problème structurel: les garde-côtes américains, dont l'organisation est subordonnée au ministère de la Sécurité intérieure, sont confrontés au vieillissement des navires, à un manque de personnel et à une charge de travail croissante. Les prévisions budgétaires annoncent une amélioration à terme.

Pour l'instant, la position belliqueuse des Etats-Unis ne se traduit plus que par des paroles en l'air. Le Bella 1 reste libre et Washington se montre incapable d'appliquer sa politique de sanctions en mer.

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