Troisième conférence de l'ONU à Nice
La communauté internationale est divisée sur l'avenir des océans en danger

La troisième conférence de l'ONU sur les océans se tiendra à Nice du 9 au 13 juin. Elle abordera la protection des océans pollués, surchauffés et surpêchés, avec l'espoir de voir émerger des actions concrètes pour la vie marine.
Publié: 02.06.2025 à 07:17 heures
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Nice accueillera la troisième conférence de l'ONU sur les océans dès le 9 juin. Il s'agira de trouver des solutions concrètes pour protéger la vie maritime et par extension humaine.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

La protection d'un océan pollué, surchauffé et surpêché sera au coeur de la troisième conférence de l'ONU sur les océans la semaine prochaine à Nice, où beaucoup espèrent voir émerger de l'argent et d'autres actions concrètes pour protéger la vie marine. Du 9 au 13 juin, la conférence réunira une communauté internationale divisée sur les grands enjeux océaniques: exploitation minière des fonds marins, traité international sur la pollution plastique ou régulation de la surpêche.

Dès dimanche, 70 dirigeants mondiaux, dont le président brésilien Lula, et des milliers de délégués, scientifiques et représentants d'ONG convergeront vers Nice, sur la côte d'une des mers les plus polluées du monde, la Méditerranée, qui a atteint l'été dernier la température record de 28,90°C.

Un état d'urgence

«La santé des océans se dégrade et, avec elle, le bien-être des êtres humains», souligne le sous-secrétaire général de l'ONU Li Junhua, décrivant un «océan en état d'urgence». Les océans, qui couvrent 70,8% du globe, ont connu depuis deux ans des canicules marines inédites qui menacent la survie des espèces marines. La conférence permettra «soit d'inverser le déclin des océans d'ici à 2030, soit de documenter l'échec de l'humanité à agir», estime Maritza Chan, ambassadrice à l'ONU du Costa Rica, pays coorganisateur avec la France.

Maritza Chan dit attendre 100 milliards de dollars de nouveaux financements publics et privés en faveur du développement durable de l'océan. «C'est ce qui est différent cette fois-ci: zéro rhétorique, maximum de résultats», veut-elle croire. La conférence doit déboucher sur l'adoption d'un «plan d'actions opérationnel» avec des engagements concrets d'Etats pour protéger les océans, accompagnant une déclaration politique négociée depuis des mois, et qui s'annonce très consensuelle.

Les Etats-Unis ferment les yeux

Les Etats-Unis, premier domaine maritime au monde, ne devraient pas envoyer de délégation, comme aux négociations climatiques. Fin avril, Donald Trump a décidé unilatéralement d'ouvrir l'extraction minière dans des eaux internationales du Pacifique, contournant l'Autorité internationale des fonds marins dont les Etats-Unis ne font pas partie.

«Il va s'agir en quelque sorte de prendre la température en termes d'ambition, pour savoir où en sont les pays en matière de gouvernance mondiale des océans», esquisse Megan Randles, qui mènera la délégation de Greenpeace. La France s'est fixé des objectifs ambitieux pour cette première conférence onusienne dans l'Hexagone depuis la COP21 en 2015. «Elle a vocation à être pour l'océan l'équivalent de ce que l'accord de Paris, il y a dix ans, a été pour le climat», répète le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

Emmanuel Macron a annoncé depuis plusieurs mois qu'il voulait obtenir à Nice 60 ratifications pour permettre l'entrée en vigueur du traité pour protéger la haute mer. Sans cela, la conférence sera «un échec», a prévenu l'ambassadeur pour les océans Olivier Poivre d'Arvor en mars.

Un prochain traité à Genève

Le traité, adopté en 2023 et signé par 115 pays, vise à mettre à l'abri des écosystèmes marins dans des eaux internationales, qui couvrent près de la moitié de la planète. 28 pays et l'Union européenne l'ont ratifié à ce jour. La France espère aussi élargir la coalition de 32 pays en faveur d'un moratoire sur l'exploitation minière des fonds marins.

Les échanges informels entre délégations devraient également porter sur les négociations pour un traité contre la pollution plastique qui reprendront en août à Genève, tandis que Paris espère pousser à la ratification d'accords sur la lutte contre la pêche illégale et la surpêche.

Scepticisme malgré l'urgence

Malmenées par la crise du multilatéralisme, «ces conférences suscitent un niveau de scepticisme compréhensible, mais il est vraiment très important de disposer d'un forum mondial axé spécifiquement sur les océans», défend Pepe Clark, chargé des océans au WWF. «Cette conférence doit marquer un tournant en termes d'ambition», dit-il à l'AFP.

«Les signaux émis jusqu'à présent sont loin d'être encourageants», pointe cependant Angelique Pouponneau, négociatrice de l'Alliance des petits Etats insulaires, qui réclame plus de financements. «Avec tant de crises et d'événements à l'ordre du jour mondial, il est difficile d'être sûr qu'une ambition suffisante se concrétisera», confie-t-elle à l'AFP.

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