Au moins 40 morts
Le Soudan frappé par la pire épidémie de choléra depuis des années

Une épidémie de choléra sans précédent a fait au moins 40 morts en une semaine au Soudan. Ce phénomène est largement aggravé par la guerre civile qui empêche l’accès à l’eau potable, aux soins et à l’aide humanitaire.
Publié: 17:42 heures
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Une petite fille soudanaise reçoit un vaccin oral contre le choléra lors d'une campagne de vaccination.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Au moins 40 personnes sont mortes en une semaine au Darfour, dans l'ouest du Soudan, dans la pire épidémie de choléra que ce pays, en proie à la guerre civile, ait connue depuis des années. Evoquant une hausse des cas «qui exacerbe les pires effets de la malnutrition», l'Union européenne a appelé jeudi toutes les parties au conflit à laisser entrer l'aide humanitaire internationale «de toute urgence».

Le Soudan, troisième plus grand pays d'Afrique, est devenu, depuis 2023, le territoire le plus durement frappé au monde par le choléra. Dans la seule région du Darfour, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) ont soigné «plus de 2300 patients et enregistré 40 décès la semaine dernière en raison du choléra», a déclaré l'ONG.

«En plus d'une guerre généralisée, les Soudanais font actuellement face à la pire épidémie de choléra que le pays ait connue depuis des années», a souligné MSF. Cette maladie diarrhéique, transmise par l'eau et la nourriture contaminées, peut tuer en quelques heures sans traitement. Le choléra peut être soigné par une simple réhydratation orale, voire des antibiotiques, mais la guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) a mis à genoux le système de santé et rend ces traitements souvent inaccessibles.

Depuis juillet 2024, environ 100'000 cas ont été recensés au Soudan, selon l'Organisation mondiale de la santé. Plus de 2408 décès ont été enregistrés dans 17 de ses 18 Etats depuis août 2024, selon l'Unicef. Dans ce pays en guerre, l'acheminement de l'aide humanitaire est toutefois devenu presque impossible. «Cela ne peut pas durer», a estimé l'UE, dans un communiqué, également signé par le Japon, le Canada et le Royaume-Uni. «Les civils doivent être protégés et l'accès humanitaire doit être garanti».

Un corps retrouvé dans un puits

La situation est la plus critique à Tawila, dans l'Etat du Darfour-Nord, où des centaines de milliers de Soudanais fuyant les combats ont trouvé refuge. Privés d'eau potable, de soins et d'hygiène, des centaines de milliers de Soudanais sont livrés à eux-mêmes. «Nous mélangeons du citron dans l'eau (...) et nous le buvons comme remède», confiait cette semaine à l'AFP Mona Ibrahim, une femme déplacée à Tawila. «Nous n'avons pas de toilettes, les enfants défèquent en plein air».

«A Tawila, les habitants survivent avec une moyenne de seulement trois litres d'eau par jour, soit moins de la moitié du seuil minimum d'urgence de 7,5 litres par personne et par jour nécessaire pour boire, cuisiner et assurer l'hygiène, selon les recommandations de l'OMS», a indiqué jeudi MSF. «Il y a deux semaines, un corps a été trouvé dans un puits. Il a été enlevé mais deux jours après, les gens ont été obligés de boire à nouveau cette eau», a déclaré Sylvain Penicaud, coordinateur de MSF à Tawila.

Dans le centre de traitement de choléra de MSF à Tawila, les patients sont allongés sur des lits de fortune. Parmi eux, des enfants au regard fiévreux, allongés sur les genoux de leurs mères, reçoivent des perfusions. Selon l'ONU, environ 300 enfants atteints de choléra ont été recensés dans cette ville depuis avril. A l'extérieur, des proches attendent, assis à même le sol, sous un soleil écrasant.

Pour beaucoup, maintenir une hygiène minimale relève de l'impossible. «Là où nous vivons, il y a beaucoup de mouches», racontait Haloum Ahmed, une femme déplacée à Tawila, affaiblie par une diarrhée sévère. Pour Tuna Turkmen, chef de mission pour MSF au Soudan, «la situation est au-delà de l'urgence. L'épidémie se propage bien au-delà des camps de déplacés.» La saison des pluies, qui s'intensifie en août, pourrait aggraver la crise sanitaire.

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