La Maison Blanche a affirmé mercredi qu'elle espérait licencier au moins 10'000 fonctionnaires fédéraux lors de la paralysie budgétaire en cours au moment où une juge déclarait illégaux les limogeages déjà effectifs. «Je pense que nous finirons probablement au-delà de 10'000» licenciements, a déclaré le puissant directeur du Bureau du budget de la Maison Blanche, Russell Vought, dans une interview au podcast «Charlie Kirk Show». Depuis l'assassinat de l'influenceur conservateur en septembre, son podcast a été repris par des proches.
«Nous voulons être aussi tranchants que nous le pouvons dans l'extinction de la bureaucratie», a ajouté Russell Vought, qui a fait de cette mission son sacerdoce depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Plus de 4000 fonctionnaires fédéraux, qui travaillent dans pas moins de sept ministères différents, ont d'ores et déjà reçu des avis de licenciement, selon un document judiciaire publié vendredi.
Ces premières «réductions d'effectifs» ne sont qu'un «aperçu» de ce qui reste à venir, a soutenu Russell Vought. Une juge fédérale de Californie a cependant suspendu mercredi ces licenciements, les déclarant illégaux, selon plusieurs médias américains. D'après la juge Susan Illston, citée notamment par le Wall Street Journal, tout laisse à penser que la Maison Blanche a «profité» de la paralysie budgétaire pour «estimer que tous les coups sont permis, et que les lois ne s'appliquent plus à eux».
Paie gelée
Depuis le 1er octobre et l'expiration du budget des Etats-Unis, les élus républicains et démocrates au Congrès ne parviennent pas à s'entendre pour sortir du «shutdown». Un texte républicain qui permettrait d'y mettre fin a échoué mercredi pour la neuvième fois au Sénat. Selon les estimations du cercle de réflexion Bipartisan Policy Center, plus de 700'000 fonctionnaires fédéraux ont été mis au chômage technique, avec une paie gelée, tandis que près de 700'000 autres continuent de travailler sans être payés non plus jusqu'à la fin du blocage.
En revanche, les plus de 1,3 million de militaires américains devaient être rémunérés comme prévu, après que Donald Trump a ordonné samedi d'utiliser certains fonds en ce sens. La Maison Blanche a confirmé sur X mercredi que le président avait signé un décret pour «s'assurer que les membres du personnel militaire américain en service actif reçoivent leur salaire le 15 octobre».
Outre l'impact sur les fonctionnaires, l'inquiétude grandit de voir le trafic aérien perturbé en raison d'un absentéisme croissant des contrôleurs aériens et des agents de la sécurité des transports.
Décision «cruelle»
Au Congrès, les républicains proposent de prolonger le budget actuel, avec les mêmes niveaux de dépenses, tandis que les démocrates réclament une prolongation de subventions pour des programmes d'assurance santé à destination de ménages à bas revenus. En raison des règles en vigueur au Sénat, où les républicains sont majoritaires, plusieurs voix démocrates sont nécessaires pour adopter un budget. Mais Donald Trump rejette toute négociation avec l'opposition sur les questions de santé, sans «réouverture» préalable de l'Etat fédéral.
Pour tenter de faire céder de plus en plus de sénateurs démocrates, le président républicain a multiplié les menaces, disant vouloir supprimer des «programmes soutenus par les démocrates». «Je pense qu'ils ont fait une grosse erreur» avec ce blocage, a-t-il déclaré dimanche.
Le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, a dénoncé jeudi la décision de la Maison Blanche de limoger des fonctionnaires, la qualifiant de «cruelle, non-nécessaire, et profondément blessante». «Soyons très clairs, personne n'a forcé le gouvernement à effectuer ces licenciements. Ils l'ont fait parce qu'ils le voulaient, point final», a déclaré l'élu new-yorkais dans l'hémicycle.