Plusieurs chercheurs de la métropole chinoise de Wuhan ont découvert un nouveau coronavirus présent chez les chauves-souris. Dans cette étude récemment parue dans la revue spécialisée «Cell», ils évoquent un «risque élevé de transmission à l'homme». Doit-on s'inquiéter? L'infectiologue zurichois Huldrych Günthard répond à nos questions sur ce nouveau type de virus, nommé HKU5-CoV-2.
Le HKU5-CoV-2 appartient au groupe des coronavirus et infecte les chauves-souris. Jusqu'à présent, aucun humain n'a été infecté par ce pathogène. «Il existe de nombreux coronavirus différents chez les chauves-souris, explique Huldrych Günthard. Ce n'est donc pas étonnant.» Ce qui est particulier avec ce virus, c'est son mécanisme de transmission: le HKU5 semble être capable de se fixer aux cellules humaines, ce qui en théorie, ouvre la possibilité d'une propagation supplémentaire.
«Le HKU5-CoV-2 semble capable de se fixer au même récepteur cellulaire que le Sars-CoV-2», explique l'infectiologue. Les chercheurs chinois ont utilisé des modèles miniatures d'organes humains dans leurs travaux, dans lesquels les cellules des voies respiratoires humaines sont recréées.
Le potentiel de transmission du virus à l'homme existe selon l'étude actuelle. Faut-il donc s'inquiéter? «Il n'est pas possible de répondre de manière générale», indique Huldrych Günthard. Cependant, l'expert appelle à la prudence: «Ce qui est rassurant, c'est que les médicaments antiviraux classiques semblent être efficaces.»
À ce jour, aucune contamination humaine n'a été signalée. C'est pourquoi «le virus ne constitue actuellement pas un risque pour la Suisse», explique Simon Ming, porte-parole de l'Office fédéral de la santé publique. En cas de transmission à l'homme, une nouvelle évaluation serait effectuée.
Si une transmission devait néanmoins se produire, elle se ferait probablement par voie respiratoire, c'est-à-dire par infection via des gouttelettes. Les symptômes ressembleraient probablement à ceux aujourd'hui bien connu du Covid-19: toux, rhume, mal de gorge, et fièvre. «Il serait toutefois possible que d'autres symptômes se manifestent», précise Huldrych Günthard.
Il précise cependant: «Les seuls résultats des études ne permettent pas de conclure si ce virus se propagerait chez les humains et à quelle vitesse». A l'heure actuelle, la probabilité est considérée comme plutôt faible. Ce qui est clair en revanche, c'est qu'«il est tout à fait possible qu'un des autres coronavirus présents chez les chauves-souris puisse à l'avenir se propager à l'homme». Toutefois, cela ne signifie pas, selon lui, que la propagation devrait ressembler à celle de la pandémie de coronavirus en 2020: «Il s'agissait d'une situation extrême face à un ennemi que nous ne connaissions pas».
Huldrych Günthard souligne également l'augmentation de l'immunité de la population contre le SARS-CoV-2 grâce à la vaccination et aux infections passées. «Il se pourrait aussi qu'il existe une certaine immunité croisée et, potentiellement, une forme de protection pandémique si ce nouveau virus venait à être transmis à l'homme.» De plus, il est très probable que les substances antivirales connues contre le SARS-CoV-2, telles que le Remdesivir et le Nirmatrelvir, ainsi que certains anticorps efficaces contre le SARS-CoV-2, semblent également agir contre ce virus en laboratoire.
D'autres études en conditions de laboratoire sont nécessaires pour mieux évaluer le risque réel du HKU5-CoV-2, écrivent les auteurs chinois. Pour la préparation et la prévention de futures pandémies, l'étude offre une valeur ajoutée: elle fournit de nouvelles connaissances sur la transmission des agents pathogènes entre l'homme et l'animal.