Plus de 50'000 personnes ont manifesté samedi à Budapest à l'appel de l'opposition pour exiger la démission du gouvernement du Premier ministre Viktor Orban, accusé d'inaction après la révélation de maltraitances dans l'aide sociale à l'enfance.
«C'est pas tant qu'elles aient eu lieu pour eux le problème», a dénoncé auprès de l'AFP David Kozak, 16 ans. «C'est plutôt que les Hongrois en aient pris connaissance.» Plus de 50'000 manifestants, certains venus avec des peluches, scandaient des slogans tels que «Orban dégage!», ont constaté des journalistes de l'AFP.
Depuis deux ans, plusieurs scandales retentissants viennent démontrer, selon le principal opposant Peter Magyar, un manque de maîtrise des structures publiques destinées à venir en aide aux mineurs en difficulté. A l'approche des élections législatives du printemps prochain, Peter Magyar est donné en tête des sondages.
Proxénétisme et coups de pied
Il a appelé à la manifestation de samedi après de nouvelles accusations dans un centre de détention pour mineurs déjà entaché par un scandale. Et vendredi, il a rendu public un rapport officiel de 2021, qui a conclu que plus d'un cinquième des enfants dans des institutions publiques avaient été victimes de maltraitance. Plus tôt cette semaine, quatre membres du personnel ont été placés en garde à vue au centre de détention pour mineurs de la rue Szolo à Budapest.
Parmi eux figurait le directeur récemment démissionnaire, après la diffusion d'images de vidéosurveillance le montrant en train de donner un coup de pied dans la tête d'un garçon. Trois autres employés avaient été arrêtés auparavant, dont un autre ancien directeur, accusé d'avoir dirigé un réseau de prostitution. «Pendant 14 ans, il a été directeur, le ministère de l'Intérieur et la police étaient au courant, mais ils n'ont rien fait tant que ce n'était pas sorti», s'indigne Zsuzsa Szalay, une retraitée de 73 ans. Le gouvernement a depuis placé tous les centres de détention pour mineurs sous supervision policière.
Dans la presse hongroise, Viktor Orban a déclaré vendredi que «la rue Szolo est une institution particulière. Elle accueille des mineurs délinquants, tous ayant commis des crimes. La plupart sont des crimes graves, y compris des meurtres. C'est, à proprement parler, une forme de prison.»
«Ce qui nous a tous bouleversés, c'est que, dans un contexte très difficile, un gardien a résolu une situation délicate d'une manière inacceptable. En réalité, il a commis un crime. Il n'y a pas de place pour les euphémismes ici. Même un jeune délinquant ne doit pas être traité comme ce surveillant a traité le détenu. C'est inadmissible, sans l'ombre d'un doute», a-t-il affirmé.