Ce sont des informations qui pourraient donner le vertige que révèle cette semaine le magazine français «Marianne». Ce dernier a pu consulter différents rapports sur la tour Eiffel, dont certains remontent à plus de dix ans. Entretien bancal, structure vieillissante, l’état de la Dame de fer ne donne pas envie d’y grimper… ni même de l’admirer d’en-bas.
Le nœud du problème est surtout la peinture et la rouille persistante qui gangrène le célèbre édifice. «C’est bien simple, si Gustave Eiffel visitait les lieux, il ferait une syncope», déplore un cadre du site.
Des travaux en guise de «cache-misère»
Il suffit de se promener aux abords du monument ces derniers temps pour observer qu’une couche de peinture ne serait effectivement pas un luxe. Mais le mal est plus profond. Au début des années 1980 déjà, le maire de Paris de l'époque, Jacques Chirac, fait fermer la tour pour des problèmes de corrosion. Mais les travaux menés sont superficiels et ne font que reporter le problème. En 2002, la 18ème campagne menée sur l’édifice est «la pire». Le nouveau composé utilisé sèche trop vite et attaque les anciennes couches, ce qui favorise le développement de la rouille.
À son époque, Gustave Eiffel qualifiait déjà la peinture pour un édifice métallique d’«élément essentiel». Mais les différentes campagnes menées sur l’ouvrage n’ont fait qu’aggraver le mal, jusqu’à la dernière en date, en 2020. Entre pandémie, pénurie et mesures prises face au plomb après l’incendie de Notre-Dame, les travaux engagés ne sont qu’un «cache-misère» à 60 millions d’euros pour «faire joli à l’occasion des jeux».
Les alternatives aux peintures composées de plomb appliquées sur la tour Eiffel depuis des années n’ont fait que de fragiliser l'ouvrage: «On a cru gagner du temps, mais il n’aurait pas fallu modifier la composition des peintures», explique un expert au magazine «Marianne». Un rapport datant de 2014 fait état de craquelage et de rouille sur la quasi totalité du monument.
La tour ne s'effondrera pas demain
Les différents dégâts constatés depuis tout ce temps suffisent aux spécialistes pour considérer qu’il faudrait retaper le vénérable édifice de fond en comble. Bernard Giovannoni, principal auteur d’un rapport datant de 2010 sur la tour Eiffel affirme: «Ma conclusion était qu’il faudrait la mettre à nu et la repeindre.»
Le chantier serait colossal et les prix astronomiques, alors même que la réfection de Notre-Dame n’est pas terminé et que la Ville de Paris mise actuellement à fond sur ses Jeux olympiques de 2024. «En interne, tout le monde sait bien qu’il faudrait fermer la tour le temps des travaux» expliquent des proches du dossier. Mais rassurez-vous, si vous vous rendez bientôt dans la Ville Lumières: la tour Eiffel «ne risque pas de tomber demain matin, tempère un connaisseur. Mais elle ne va pas bien du tout.»