Les frappes militaires colombiennes contre des guérilléros ont tué 15 mineurs dans le pays depuis octobre, a annoncé lundi le président Gustavo Petro, vivement critiqué pour ces opérations ayant tué des adolescents victimes de recrutement forcé. Le Bureau du Défenseur du peuple colombien avait fait état samedi de la mort de sept mineurs lors de bombardements de l'armée dans le département amazonien du Guaviare (sud), le 10 octobre.
Sous la pression des Etats-Unis qui exigent plus d'actions contre le trafic de drogue, le président de gauche Petro a intensifié son offensive contre les groupes armés avec des bombardements qui ont fait au total au moins 28 morts la semaine dernière. Le chef de l'Etat a signalé lundi cinq autres mineurs décédés: quatre lors d'un bombardement le 1er octobre dans le département de Caqueta (sud) et un autre jeudi à Arauca (nord-est), à la frontière avec le Venezuela.
«Tous sont des victimes du recrutement forcé par des criminels qui les ont entraînés dans les hostilités», a écrit Gustavo Petro sur X. Le parquet général militaire et policier a annoncé lundi dans un communiqué l'ouverture d'une enquête pour «vérifier» si l'attaque qui a fait 19 morts dans le Guaviare «respecte les principes et règles qui régissent l'usage légitime de la force publique dans le contexte du conflit armé».
Cette offensive visait l'Etat-major central, un groupe dissident issu des ex-Farc et dirigé par l'homme le plus recherché du pays, surnommé Ivan Mordisco. Le recrutement forcé d'enfants est l'une des graves violations des droits humains observées en Colombie au cours des six décennies de conflit entre armée, guérillas, paramilitaires et cartels.
Par la force ou la ruse
Les groupes armés actifs dans le pays enrôlent des jeunes par la force ou la ruse afin de grossir leurs rangs, n'hésitant pas à les envoyer au combat, a souligné la Défenseure du Peuple, Iris Marin, lors d'un entretien avec l'AFP en octobre. Selon la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) créée dans le cadre de l'accord de paix signé en 2016 avec l'ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), un mineur est enlevé tous les deux jours en moyenne depuis cette date.
A moins d'un an de la fin de son mandat, le gouvernement de Gustavo Petro est confronté à l'échec de sa stratégie visant à négocier la paix avec les différents groupes armés du pays, et à la pire crise sécuritaire de la dernière décennie en Colombie.