En Russie, les travailleurs nord-coréens vivent un véritable enfer. Kim Jong Un envoie chaque année des milliers de ressortissants à Moscou pour pallier le manque de main d'œuvre russe, partie au front contre l'Ukraine. Mais le rythme s'intensifie depuis le début de l'année, révèle la BBC ce mardi 12 août.
Pourtant, en 2019 déjà, l'Organisation des Nations Unies (ONU) a interdit à Kim Jong Un de fournir des travailleurs à la Russie. Mais Vladimir Poutine a plus d'un tour dans son sac et délivre des visas étudiants aux Nord-Coréens pour contourner l'interdit. En 2024, 10'000 ouvriers ont quitté Pyongyang pour Moscou, selon un responsable des services de renseignement sud-coréens, interrogé par la BBC sous couvert d'anonymat. Les Nord-Coréens avouent travailler dans des conditions «épouvantables», jusqu'à 18 heures par jour et avec deux jours de congé par an, sous étroite surveillance pour éviter toute tentative d'évasion.
«Certains quittaient leur poste pour dormir pendant la journée, ou s'endormaient debout, mais les superviseurs les trouvaient et les battaient. C'était vraiment comme si nous étions en train de mourir», confie un ouvrier à la BBC.
Un lavage de cerveau
Nombre d'entre eux espèrent que partir en Russie améliore leur situation familiale, mais les salaires sont dérisoires et leurs proches ne peuvent pas les accompagner. Les ouvriers gagnent entre 80 et 160 francs par mois, dont la majorité est reversée à Pyongyang comme «taxe de loyauté».
Après leur journée de travail, ils dorment dans des conteneurs insalubres à même le sol. En plus de ce travail forcé, les ouvriers sont régulièrement soumis à des séances d'autocritique pour renforcer leur loyauté envers Kim Jong Un.
Certains travailleurs seraient même déployés sur des chantiers de construction sur des territoires ukrainiens occupés par la Russie. Comble du drame: il est très probable qu'ils ne rentrent jamais chez eux, comme symbole d'amitié entre Kim Jong Un et Vladimir Poutine.