Incursion en Pologne
Le Gerbera, ce drone russe «low-cost» qui défie l’OTAN

Abattus dans la nuit du 10 septembre en Pologne, les drones russes présumés étaient pour partie des Gerbera. Conçus à bas coût avec des kits chinois et assemblés en Russie, ils servent à saturer les défenses aériennes et embarrassent Pékin. Blick fait le point.
Publié: 11:59 heures
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Dernière mise à jour: 13:24 heures
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Dmytro Chubenko, du parquet régional de Kharkiv, examine les restes d'un drone Gerbera, à côté d'un drone Shahed-136 de conception iranienne.
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

Dans la nuit de mardi à mercredi 10 septembre, la Pologne a abattu plusieurs drones russes présumés ayant pénétré son espace aérien, avec le soutien de ses alliés de l’OTAN. Une première pour un pays membre de l’Alliance depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022. Le Premier ministre Donald Tusk a jugé l’épisode comme «le moment le plus proche où nous ayons été d’un conflit ouvert depuis la Seconde Guerre mondiale», tout en assurant qu’«il n’y a aucune raison de croire que nous sommes au bord de la guerre».

Cette nuit-là, l’armée a recensé 19 incursions de drones. Trois ou quatre auraient été abattus, dont un qui s’est écrasé sur la maison d’un couple de retraités à l’est du pays. Le toit a été soufflé et les débris ont envahi la chambre de l’homme, qui estime que son habitation devra être détruite. Selon l’armée polonaise, certains de ces engins seraient des drones Gerbera, conçus à bas coût à partir de kits chinois de Skywalker Technology et assemblés en Russie, rapporte «The Independant».

Le leurre russe

Fabriqué avec des matériaux rudimentaires comme le contreplaqué et la mousse, le Gerbera affiche une envergure de 2,5 m, une vitesse maximale de 160 km/h et une autonomie de 600 km. D’après les analystes, la Russie utilise ce drone bon marché pour saturer les défenses ukrainiennes. 

Il sert de leurre face aux drones Shahed, plus sophistiqués et dotés d’ogives puissantes. Mais certaines versions récentes du Gerbera seraient elles-mêmes armées d’explosifs légers ou d’équipements de reconnaissance. «Les Gerbera sont généralement employés en combinaison avec d’autres systèmes», explique Fabian Hinz, chercheur à l’Institut international d’études stratégiques à Londres. L’incursion pourrait donc avoir impliqué plusieurs types de drones.

Pékin dans l'embarras

Selon Kiev, la Russie s’approvisionne en pièces détachées auprès d’une entreprise chinoise, en contradiction avec la neutralité affichée par Pékin qui nie fournir toute assistance militaire au Kremlin. Des composants occidentaux, américains et européens, auraient également été retrouvés dans les débris, malgré les restrictions sur les exportations de technologies à double usage.

Moscou nie toute implication. De son côté, Varsovie a sèchement rejeté les propos du président américain Donald Trump, qui avait laissé entendre que cette intrusion de drones russes pouvait relever d’une «erreur». Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir ce vendredi pour examiner cette violation de l’espace aérien polonais. Entre dénégations russes, embarras chinois et inquiétudes occidentales, l’incident polonais révèle surtout la difficulté de contenir un conflit qui déborde désormais au cœur même de l’Alliance atlantique.

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