Paralysie au G7 et à l'OTAN
L'Ukraine est abandonnée, c'est (presque) officiel

Pendant qu'Israël bombarde l'Iran des ayatollahs, Vladimir Poutine peut exulter. Le communiqué du G7 qui vient de s'achever mentionne à peine l'Ukraine et ne condamne pas la Russie. La logique d'abandon préconisée par Donald Trump est enclenchée.
Publié: 14:08 heures
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Dernière mise à jour: 17:12 heures
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Vladimir Poutine sort grand vainqueur de l'actuelle séquence géopolitique: il peut attaquer l'Ukraine sans conséquences.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Volodymyr Zelensky l’a bien compris. Sauf retournement très improbable, son pays sera bientôt abandonné. Telle est la conclusion presque sans appel du sommet du G7 qui vient de s’achever mardi 17 juin à Kananaskis, au Canada. Pas de soutien réaffirmé à l’Ukraine dans une déclaration «forte et séparée» du club des grandes démocraties, comme cela était envisagé. Pas de condamnation de la Russie pour la poursuite de ses frappes contre des cibles civiles. Donald Trump et les Etats-Unis regardent ouvertement vers la porte de sortie. A n’importe quel prix.

Le pire est que ce scénario risque de se répéter les 24 et 25 juin dans une enceinte autrement plus importante pour l’avenir de l’Ukraine: le sommet de l’OTAN à La Haye. Historiquement, l’Organisation du traité de l'Atlantique nord, qui regroupe 31 pays alliés autour des Etats-Unis – la Suisse, neutre, n’en est pas membre – est à l’origine du conflit ukrainien. C’est officiellement parce que l’OTAN a accepté en 2008 l’hypothèse d’une future adhésion de Kiev, que Poutine a mis la Russie sur le pied de guerre. Et c’est grâce aux pays de l’OTAN, soutiens militaires et économiques de l’Ukraine depuis l’agression de Moscou le 24 février 2022, que Zelensky a pu résister au rouleau compresseur de l’armée russe.

Rendez-vous à La Haye

Le président ukrainien sera à La Haye la semaine prochaine, convié un dîner préalable où la présence de Donald Trump n’est même pas confirmée. Le président des Etats-Unis vient en effet de montrer, avec son départ anticipé du G7, qu’il peut quitter la table à tout moment s’il estime avoir d’autres priorités. Le menu pour l’Ukraine, lui, est en revanche déjà connu. Washington envisage bel et bien d’interrompre toute aide militaire à Kiev. La poursuite (cruciale) du partage de renseignements avec l’armée ukrainienne pourrait aussi être arrêtée. Or les Européens, pressés par Trump de dépenser beaucoup plus pour leur défense, manquent cruellement de capacités satellitaires pour remplacer les Etats-Unis dans ce domaine.

Vladimir Poutine, pendant ce temps, peut être satisfait. Même si sur le terrain ukrainien, l’avancée de ses troupes demeure limitée, sa poursuite des frappes sur des cibles civiles à Kiev, Dnipro ou Odessa, destinées à casser le moral de la population, n’est pas sanctionnée. Sa prise de distance avec son allié iranien, désormais seul face aux bombardements ciblés israéliens, est appréciée à Jérusalem comme à Washington.

Soutiens du «Sud global»

Mieux: Poutine continue d’engranger des soutiens dans le «sud global» où son chef de la diplomatie Serguei Lavrov s’emploie toujours à réécrire l’histoire de la guerre en Ukraine. En Indonésie, le premier pays musulman du monde, Lavrov vient de redire que l’Ukraine soutenue par l’OTAN «était potentiellement une menace nucléaire» pour Moscou. Une allusion directe aux frappes Israéliennes sur le complexe atomique iranien.

L’Ukraine est seule. Sa force est d’avoir acquis, en trois ans de guerre féroce, une capacité militaire inégalée en Europe. Sa production d’armement, financée par ses alliés européens, ainsi que ses récentes opérations de sabotage en Russie, est un solide rempart. Le courage de sa population déterminée à résister, pour défendre sa liberté et son indépendance, reste un obstacle aux velléités d’annexion russes.

Ouvrons les yeux

Dans un conflit, ces éléments sont déterminants. Mais ouvrons les yeux: les actuelles sanctions internationales contre la Russie ne suffisent pas pour étrangler Moscou, et les promesses européennes butent déjà sur l’écueil budgétaire des pays bailleurs de fonds. Le G7 vient de le démontrer: la stratégie d’abandon de l’Ukraine par l’administration Trump se confirme. Pire: au vu de l’actuelle menace russe, il s’agit bel et bien d’une stratégie de trahison.

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