Un juge argentin a ordonné lundi au gouvernement argentin de procéder «immédiatement» à la distribution auprès des pauvres des tonnes de denrées alimentaires en sa possession mais retenues depuis décembre. Plus de la moitié des Argentins vit sous le seuil de pauvreté. Le juge fédéral a sommé le ministère du capital humain de fournir dans les 72 heures une liste détaillée des denrées retenues et de procéder «immédiatement» à leur distribution.
Sa décision s'inscrit dans le cadre d'une procédure judiciaire engagée en février par des organisations sociales à la suite de l'interruption, peu après l'arrivée au pouvoir en décembre du président Javier Milei, de l'approvisionnement en denrées alimentaires de leurs soupes populaires.
Le gouvernement avait justifié cette interruption par la mise en oeuvre d'un audit des organisations sociales à l'origine de soupes populaires. Récemment, lors d'une présentation devant le Parlement, le gouvernement avait indiqué que l'audit avait montré que près de 50% des soupes populaires n'existaient pas.
«Négoce de la pauvreté»
Ce «négoce de la pauvreté», un des chevaux de bataille du gouvernement, a conduit à la mi-mai à des perquisitions et actions en justice contre des soupes populaires «fantômes» pour détournement de l'aide sociale. Lors d'une conférence de presse, le porte-parole de la présidence a annoncé que le gouvernement allait faire appel de la décision, expliquant qu'il s'agissait de «réserves» destinées aux «urgences» ou aux situations de «catastrophe».
Selon les organisations sociales, il existe quelque 45'000 soupes populaires dans le pays, mais un nombre indéterminé d'entre elles ont cessé de fonctionner lorsque l'approvisionnement qu'elles recevaient de l'Etat a été interrompu, tandis que d'autres fonctionnent grâce à des dons privés.
L'Eglise catholique argentine a demandé dimanche au gouvernement de livrer «rapidement» les stocks d'aide alimentaire en sa possession. «Nous avons appris qu'il existe deux entrepôts d'aliments au sein du ministère [du capital humain, ndlr] qui disposent de cinq millions de kilogrammes d'aliments stockés [...] En période d'urgence alimentaire cela devrait nous inciter à réfléchir. Ils doivent être livrés rapidement», a indiqué le président de la conférence épiscopale argentine, Oscar Ojea, dans un message enregistré diffusé par l'épiscopat.