Meloni s'en félicite
L'Italie vote un budget 2026 mesuré… mais contesté

Le Parlement italien a adopté mardi un budget 2026 axé sur la rigueur budgétaire. Porté par Giorgia Meloni, ce plan inclut une baisse d'impôts, des aides aux classes moyennes et des taxes accrues pour les banques et assurances.
C'est un budget «sérieux et responsable», a estimé Giorgia Meloni.
Photo: Anadolu via Getty Images
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AFP Agence France-Presse

Le Parlement italien a approuvé mardi un budget très mesuré pour 2026, le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni s'en tenant à la rigueur budgétaire, avec quelques mesures pour les classes moyennes et une mise à contribution des banques. La loi de finances prévoit notamment une baisse d'impôts d'environ 9 milliards d'euros sur trois ans et une amnistie fiscale pour l'année 2023.

C'est un budget «sérieux et responsable, élaboré dans un contexte complexe, qui concentre les ressources limitées disponibles sur certaines priorités fondamentales: les familles, l'emploi, les entreprises et la santé», s'est félicitée sur X Mme Meloni.

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En trois ans, son gouvernement ultra-conservateur a aidé à stabiliser la troisième économie de la zone euro, sans pour autant assurer son avenir. Le chômage a fortement baissé et les comptes publics sont en train de se rééquilibrer, mais les Italiens sentent le poids de l'inflation et les perspectives d'avenir restent sombres, entre croissance atone, vieillissement de la population et exode des jeunes.

Pour Elly Schlein, principale opposante de Giorgia Meloni, le budget 2026 «aide davantage les plus riches» et «ne s'occupe pas des vrais besoins primaires des Italiens». C'est donc «un budget erroné, d'austérité, qui prévoit une croissance à zéro», a déclaré la secrétaire du Parti démocratique (centre-gauche) avant le vote à l'Assemblée. Les syndicats italiens avaient lancé plusieurs jours de grève contre ce budget jugé «injuste».

Pour les riches?

Le nouveau calcul de l'impôt sur le revenu, qui prévoit notamment un taux d'imposition passant de 35 à 33% pour la tranche intermédiaire, portant sur les revenus allant de 28.000 à 50.000 euros, bénéficiera en effet aux ménages les plus aisés, selon le bureau parlementaire du budget (UPB), un organisme public indépendant. Le salaire brut moyen en Italie était de 37.302 euros par an en 2002 (dernière année disponible), en-dessous de la moyenne européenne, selon l'Institut national des statistiques.

L'annonce de cette mesure avait provoqué début novembre un débat sur le sujet de savoir qui est vraiment «riche» en Italie, une péninsule avec de grandes inégalités entre le nord industriel et le sud plus pauvre. Le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti a enfoncé le clou mardi, assurant que ce budget profitait aux «salariés aux revenus moyens et bas». Et le gouvernement vise toujours une croissance modeste du produit intérieur brut (PIB) de 0,7% en 2026.

Le budget inclut aussi un financement supplémentaire du système de santé publique, en souffrance, à hauteur de 6,6 milliards d'euros en 2026, pour réaligner en partie les salaires du secteur et recruter des médecins et infirmiers. Du côté des entreprises, le gouvernement a prolongé les subventions et avantages fiscaux sur leurs investissements dans des machines, ainsi que dans le sud du pays.

Banques

Pour rester à l'équilibre, le budget compte sur les dernières enveloppes du plan de relance européen mais prévoit aussi de faire contribuer les banques et assurances, à hauteur de 11 milliards d'euros entre 2026 et 2028. La taxe sur les transactions financières ("taxe Tobin") passe par exemple de 0,2 à 0,4% et devrait rapporter 330 millions d'euros par an. Du côté des consommateurs, le gazole et les cigarettes seront également taxés davantage.

Concernant les retraites, le gouvernement a fait un geste en repoussant légèrement l'augmentation de l'âge de départ, le ministre de l'Economie assurant qu'il ferait mieux si les comptes publics se redressent. Les Italiens ne pourront prendre leur retraite à taux plein qu'à 67 ans et trois mois à partir de 2028, contre 67 ans auparavant.

Le gouvernement a également prévu quelques mesures pour les familles modestes, dont un nouveau bonus pour les parents qui veulent inscrire leur enfant dans un collège ou un lycée privé allant jusqu'à 1.500 euros par an et par enfant.

Ce budget contenu de 22 milliards d'euros prévoit un déficit public équivalent à 2,8% du PIB en 2026. Comptant parmi les pays les plus endettés d'Europe, l'Italie compte ainsi respecter le plafond de déficit fixé par la Commission européenne et engager de nouvelles dépenses, notamment dans la défense.


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