Jeune, musulman, socialiste revendiqué et opposant farouche à Donald Trump... Devenu en quelques mois une star de la gauche américaine et une cible du camp Maga, Zohran Mamdani fait la course en tête pour la mairie de New York, un scrutin très suivi dans un Parti démocrate qui se cherche un avenir.
Après sa victoire surprise en juin à la primaire démocrate pour l'élection municipale dans la plus grande ville du pays, ce candidat de 33 ans venu de l'aile gauche est depuis lors en tête des intentions de vote dans neuf instituts de sondages sur onze, avec entre 3 et 28 points d'avance sur son principal rival.
Face à lui figurent notamment deux démocrates qui concourent en indépendants: Andrew Cuomo, 67 ans, ex-gouverneur de New York revenu en politique après un scandale sexuel, et le maire sortant, Eric Adams, 64 ans, très affaibli par une affaire de corruption.
Des crèches gratuites
Au-delà de savoir qui dirigera la ville au soir du 4 novembre, le scrutin constitue «un test décisif sur le plan politique pour un parti qui cherche à retrouver son équilibre» et toujours sonné par la victoire de Donald Trump à la présidentielle, estime Mary Snow, directrice adjointe de l'institut d'étude d'opinion Quinnipiac University Poll.
Dans ce bastion démocrate marqué par de fortes inégalités sociales et devenu hors de prix pour une grande partie de sa population, Zohran Mamdani fait campagne sur la lutte contre la vie chère, promettant un meilleur encadrement des loyers, et des bus et des crèches gratuites.
Zohran Mamdani «incarne une véritable possibilité de changement et de rupture avec la politique habituelle», veut croire Sandy Dalal, designer et chef d'entreprise de Brooklyn, séduit par un programme qui lutte «contre les inégalités, le coût de la vie ridiculement absurde».
Farouche opposant à Trump
Sur la forme, le jeune élu new-yorkais, né en Ouganda, mène une campagne à la fois très terrain, de porte-à-porte, tout en étant extrêmement actif sur les réseaux sociaux. «Il parle de féminisme, il parle bien sûr de politique, mais aussi de choses banales, quotidiennes. Il parle du prix des plats vendus par les food trucks halal, par exemple. Même si on n'est pas musulman tout le monde en mange à New York, parce qu'il y en a partout. Donc il paraît réel, authentique», estime le politologue Lincoln Mitchell, de l'Université Columbia.
Et tandis que son camp est souvent accusé d'être trop timide face aux assauts de Donald Trump, Zohran Mamdani n'a de cesse de dénoncer la politique du président américain, qu'il accuse à la fois d'atteinte aux institutions démocratiques du pays et de s'en prendre aux plus faibles, en premier lieu les migrants et les pauvres. C'est le preuve que «ce que veulent les électeurs (démocrates) ce n'est pas seulement une politique économique redistributive (...) mais quelqu'un qui se montre ferme dans son opposition à Trump», juge encore Lincoln Mitchell.
Les menaces du président
Sans surprise, le camp républicain se déchaîne depuis des semaines contre ce candidat qualifié d'«illuminé communiste» par le président américain, qui a menacé de couper les fonds fédéraux à la ville de New York dans l'hypothèse où Zohran Mamdani remporterait la mairie et ne se «comporterait pas bien».
Sur Fox News, chaîne préférée des conservateurs, le New-Yorkais est désormais une cible privilégiée des commentateurs, qui ne cessent de le brocarder à longueur d'antenne. Et à New York, ses rivaux démocrates ne sont pas en reste.
Eric Adams dénonce les «fausses promesses» d'un candidat décrit comme radical et hors-sol : «Je suis en compétition contre lui parce que ce n'est pas une ville socialiste.» Andrew Cuomo lui s'est longuement attardé sur le fait que son jeune rival occupe un logement au loyer modéré, encadré par la ville, alors que son salaire d'élu municipal lui permettrait largement d'en sortir.
Critique envers Israël
Mais pour le moment, ces arguments ne semblent pas avoir de prise sur l'étoile montante de New York. Pas plus que ses positions extrêmement critiques vis-à-vis d'Israël, dans une ville qui compte pourtant une très importante communauté juive.
«Sa capacité à se connecter avec les électeurs et son focus sur l'accessibilité financière a trouvé un écho auprès des votants. Il ne serait pas surprenant que les démocrates s'en inspirent alors qu'ils se tournent vers les élections de mi-mandat et la prochaine présidentielle», estime Mary Snow.