L'Allemagne va prolonger une nouvelle fois ses contrôles temporaires aux frontières, a annoncé jeudi le ministre de l'Intérieur à propos d'une mesure destinée à lutter contre l'immigration illégale qui a entraîné des frictions avec les pays voisins.
«Nous continuerons à maintenir les contrôles aux frontières», a déclaré Alexander Dobrindt dans le podcast Table.Today. Au nom de la «sécurité intérieure», l'Allemagne avait rétabli des contrôles temporaires à toutes ses frontières le 16 septembre 2024, pour une durée de six mois. Juste avant les élections législatives de fin février, l'ancien chancelier Olaf Scholz avait annoncé la prolongation de la mesure pour un semestre supplémentaire, au grand dam des frontaliers.
En principe, de tels contrôles aux frontières intérieures sont proscrits au sein de l'Espace Schengen, mais en cas de menaces pour l'ordre public ou la sécurité, ils sont possibles pour une durée de six mois, avec prolongation pour une durée totale n'excédant pas deux ans. «Il s'agit d'une mesure nécessaire jusqu'à ce que la protection des frontières extérieures (de l'UE, ndlr) soit opérationnelle», a justifié Alexander Dobrindt.
Une mesure «illégale»
Le nouveau chancelier, le conservateur Friedrich Merz, a fait du durcissement de la politique migratoire une priorité pour enrayer la progression de l'extrême droite. Dès son entrée en fonction en mai, le gouvernement a instauré le refoulement de la plupart des demandeurs d'asile aux frontières.
Une mesure depuis jugée «illégale» par le tribunal administratif de Berlin, saisi par trois Somaliens refoulés à la frontière polonaise. La mesure controversée a aussi provoqué des tensions avec Varsovie, qui accuse Berlin de lui renvoyer de nombreux migrants et a également temporairement réintroduit des contrôles avec son voisin début juillet.
D'après les chiffres du ministère de l'Intérieur communiqués à l'AFP, un total de 9.254 personnes ont été refoulées aux frontières entre le 8 mai et le 31 juillet. Cela équivaut à environ 770 refoulements par semaine, soit un niveau équivalent à celui des mois précédant l'instauration de la mesure. Mais Alexander Dobrindt insiste sur l'effet de dissuasion à long terme vis-à-vis des candidats à l'asile.
L'Allemagne va aussi organiser de nouveaux vols d'expulsions vers l'Afghanistan, affirme Alexander Dobrindt, après avoir renvoyé 81 condamnés afghans dans leur pays mi-juillet, une deuxième mesure de ce type depuis l'été 2024. Ces expulsions sont également décriées, notamment par l'ONU, en raison du pouvoir taliban en place.