Les ONG enragent
De nombreux lobbyistes des énergies fossiles sont présents à la COP30

A la COP30 au Brésil, les ONG dénoncent la présence en nombre de lobbyistes défendant les énergies fossiles. Les négociations s'en retrouvent fragilisées.
Publié: 06:34 heures
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Les comparaisons historiques sont fragiles car l'ONU a commencé à publier une liste plus détaillée des participants à la COP28.
Photo: IMAGO/ANP
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AFP Agence France-Presse

Les négociations climatiques de la COP30 au Brésil sont fragilisées par la présence en nombre de participants liés, plus ou moins directement, à l'industrie des énergies fossiles, a dénoncé vendredi une coalition d'ONG qui a tenté de les décompter. Au total, 1602 personnes ayant des liens avec les secteurs du pétrole, du gaz et du charbon sont accréditées pour Belem, aux portes de l'Amazonie, soit près d'un participant sur 25, selon la coalition Kick Big Polluters Out (KBPO, littéralement «Virez les gros pollueurs»).

Le décompte de KBPO comprend les représentants des géants de l'énergie ExxonMobil, Chevron, Shell ou TotalEnergies, ainsi que des compagnies pétrolières publiques d'Afrique, du Brésil, de Chine et du Golfe. Il inclut aussi plusieurs personnes liées à des entreprises telles que le constructeur automobile Volkswagen ou le géant danois du transport maritime Maersk, et des représentants d'associations professionnelles ou d'autres institutions.

Filiales renouvelables d'entreprises fossiles

Par exemple, la Fondation de Venise pour la durabilité, qui veut faire de la cité lacustre un modèle de développement durable, figure sur la liste car elle compte la compagnie pétrolière italienne Eni parmi ses fondateurs. KBPO épingle aussi le géant danois des éoliennes Orsted, accusé de vendre du gaz, et le Français EDF, dont l'électricité bas carbone provient en majorité du nucléaire mais dont 5% de la production mondiale brûlait encore du gaz en 2024.

La compagnie publique émiratie des renouvelables Masdar est aussi recensée. Certains noms peuvent paraître «surprenants», a déclaré à l'AFP l'un des analystes, Patrick Galey, qui justifie leur présence par des traces d'influences potentielles identifiées lors de recherches en sources ouvertes. Par exemple, tout acteur des énergies renouvelables qui est une filiale d'une entreprise d'énergies fossiles a été incluse parce qu'elle «obéit au doigt et à l'oeil» à sa société mère, a expliqué Patrick Galey.

54% des participants n'ont pas annoncé leur affiliation

KBPO considère comme «lobbyiste des énergies fossiles» tout délégué qui «représente une organisation ou est membre d'une délégation dont on peut raisonnablement supposer qu'elle a pour objectif d'influencer» dans l'intérêt de l'industrie fossile. KBPO analyse les listes des délégués depuis 2021. En 2023, la COP28 de Dubaï, riche en pétrole, a connu un nombre record de participants (plus de 80'000) mais aussi de lobbyistes des énergies fossiles, selon KBPO qui en avait recensé 2456.

Les comparaisons historiques sont toutefois fragiles car l'ONU a commencé à publier une liste plus détaillée des participants à la COP28. «On ne peut pas résoudre un problème en donnant le pouvoir à ceux qui l'ont causé, c'est du bon sens», a déclaré Jax Bonbon, autre membre de la coalition. Les chiffres pourraient toutefois être plus élevés, puisque 54% des 42'000 personnes accréditées n'ont pas déclaré à l'ONU leur affiliation, selon Transparency International.

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