Plus de 100'000 personnes ont défilé mardi, en ce jour de fête nationale hongroise, pour la «marche de la paix» organisée par le dirigeant souverainiste Viktor Orban, ont constaté des journalistes de l'AFP. Dans le camp d'en face, la foule était moindre: plusieurs milliers de manifestants avaient fait le déplacement.
Devant une foule de sympathisants brandissant des banderoles «non à la guerre», Viktor Orban, 58 ans, a appelé à voter «pour la paix et la sécurité». «Nous devons rester en dehors de ce conflit, on n'a rien à gagner, tout à perdre», a-t-il lancé.
Une approche de funambule qui semble payer
M. Orban, qui a cultivé depuis son retour au pouvoir en 2010 sa proximité avec le président russe, Vladimir Poutine, refuse de livrer des armes à l'Ukraine, tout en votant les sanctions de l'UE comme ses partenaires.
Une approche qui semble payer: si les sondages annoncent un scrutin du 3 avril serré, les derniers pronostics des instituts montrent que le parti au pouvoir accentue son avance sur l'alliance inédite des six partis d'opposition.
«Ce n'est pas notre combat, la Hongrie ne peut rester en sécurité qu'en se tenant à l'écart», a confié à l'AFP Janos Bacskai, 53 ans.
Faire le choix «de l'Europe, pas de l'Est»
À quelques km de là, Peter Marki-Zay, un maire conservateur de 49 ans vainqueur des primaires de l'opposition, a fustigé la politique de rapprochement avec Moscou. Sur le chemin du défilé, des militants avaient apposé des autocollants sur des affiches du Fidesz, le parti de Viktor Orban, épinglant la position prorusse du Premier ministre.
Le choix «n'a jamais été aussi simple», a insisté M. Marki-Zay. Il faut faire «celui de l'Europe, pas de l'Est». Le chef de file de l'opposition polonaise, Donald Tusk, invité au rassemblement, a jugé que «capituler devant Vladimir Poutine n'était pas la solution», reprochant à M. Orban d'avoir longtemps «pris le parti du président russe par aveuglement ou raisons mercantiles».
Gros contrats énergétiques en toile de fond
Le gouvernement a signé un mégacontrat avec le géant public russe Rosatom pour augmenter la capacité de l'une de ses centrales nucléaires et un autre avec le géant énergétique Gazprom pour la livraison de gaz à long terme.
Les orateurs ont par ailleurs blâmé le Premier ministre hongrois pour l'inflation galopante, au plus haut depuis 15 ans, et l'effondrement du forint, la monnaie locale.
(ATS)