La guerre (commerciale) est déclarée
Ce que l'on sait des négociations commerciales entre l'UE et les Etats-Unis

L'Union européenne négocie avec les États-Unis pour éviter des droits de douane de 30% sur ses importations à partir du 1er août. Une proposition américaine de 15% avec des exemptions sectorielles est à l'étude. L'UE prépare des mesures de riposte.
Publié: 23.07.2025 à 20:58 heures
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Le couperet s'apprête à tomber. Si les négociations échouent, des droits de douane de 30% s'appliqueront sur les exportations européennes vers les USA.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

A une semaine de l'échéance, l'Union européenne s'efforce d'arracher un accord sur les droits de douane avec les Etats-Unis. Des «décisions» sont en cours, a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz mercredi soir. Les Européens examinent une proposition américaine de droits de douane de base de 15%, avec des exemptions sectorielles encore à définir, selon des diplomates. Le Commissaire européen en charge du commerce, Maros Sefcovic, devait s'entretenir avec son homologue Howard Lutnick mercredi, mais rien n'a filtré.

Les négociations ressemblaient jusqu'ici à des montagnes russes. Donald Trump avait pris l'Union européenne de court le 12 juillet en décrétant des droits de douane de 30% sur toutes les importations en provenance de l'UE à compter du 1er août. L'Europe a encore l'espoir de trouver une solution négociée, mais a listé des biens américains à taxer à partir du 7 août en cas d'échec des discussions, d'une valeur totale de près de 100 milliards d'euros.

L'UE négocie au nom des 27

Au cours des derniers mois, l'Union européenne a été frappée à plusieurs reprises par des droits de douane de l'administration de Donald Trump:

  • 50% sur l'acier et l'aluminium (25% mi-mars et 25% supplémentaires en juin)
  • 25% sur les automobiles, début avril
  • 20% sur tous les autres produits européens, le 9 avril. Cette dernière taxe a toutefois été suspendue pour laisser une chance aux négociations et remplacée temporairement par un droit de douane de 10%.

L'Union européenne a la charge de mener ces tractations avec Washington au nom des 27 Etats membres de l'UE, en espérant trouver un accord convenant aux deux parties. Dépêché par Bruxelles pour négocier avec les Américains, Maros Sefcovic s'est rendu plusieurs fois à Washington et échange régulièrement avec Howard Lutnick et Jamieson Greer, ses homologues au sein de l'administration Trump.

Le président américain Donald Trump et la cheffe de l'exécutif européen Ursula von der Leyen ont quant à eux des contacts plus sporadiques, dont un échange téléphonique le 6 juillet. Les responsables européens ont espéré un temps conclure un accord maintenant une taxe de base de 10 % sur les produits européens, avec des exemptions pour des secteurs stratégiques comme l'aéronautique. Mais Trump s'y est opposé, et les négociateurs américains proposent maintenant une taxe de base de 15%, selon des sources européennes, faisant écho à l'accord tout juste scellé par Washington avec le Japon.

L'UE ne pliera pas sur certains points

Peu de détails ont fuité des discussions. Trump martèle qu'il veut éliminer le déficit commercial des Etats-Unis avec l'UE dans l'échange de biens. Il pousse notamment le Vieux Continent à acheter davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) américain. Son équipe s'en prend aussi régulièrement aux barrières dites «non tarifaires» en vigueur dans l'UE: les réglementations sanitaires, les normes environnementales, des politiques de taux de change ou des mesures fiscales telles que la TVA.

Bruxelles refuse catégoriquement d'abandonner certaines de ces mesures. Tout comme ses puissantes lois sur le numérique, régulièrement critiquées par les géants de la tech. L'UE veut à tout prix faire baisser la température et éviter des droits de douane XXL qui nuiraient à son économie, déjà enlisée dans une quasi-stagnation depuis fin 2022.

Bruxelles avait proposé une exemption de droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels, dont les voitures. Mais Trump jugeait cette offre insuffisante. Une taxe de 10 % était ensuite considérée comme acceptable par la plupart des États membres.

La France serre les fesses

L'UE prépare parallèlement des mesures de riposte au cas où les négociations n'aboutiraient pas. Elle affirme être prête à taxer pour quelque 100 milliards d'euros de biens américains: avions, voitures, bourbon... L'UE envisage aussi de cibler les services américains, y compris la tech et les services financiers. En cas d'échec des négociations, l'unité des Européens sera mise à l'épreuve.

La France pousse Bruxelles à adopter une position ferme, jusqu'à déployer son outil commercial le plus puissant, «l'instrument anti-coercition», si les discussions n'aboutissent pas. Surnommé «bazooka», cet outil a été pensé comme un instrument de dissuasion à activer après épuisement des voies diplomatiques.

Il permettrait notamment le gel de l'accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements, mais nécessite plusieurs mois pour entrer en vigueur. D'autres pays comme l'Irlande, dont l'économie est très dépendante des investissements américains, plaident au contraire pour éviter une confrontation commerciale avec les Etats-Unis.

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