Il risque 43 ans de prison
Bolsonaro condamné pour tentative de coup d'Etat

La Cour suprême du Brésil a condamné l'ex-président pour tentative de coup d'Etat. Il risque une peine de prison pouvant aller jusqu'à 43 ans.
Publié: 21:24 heures
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Dernière mise à jour: il y a 12 minutes
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L'ex-président brésilien risque jusqu'à 43 ans de prison. Une majorité de la Cour suprême se prononce en faveur d'une condamnation.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

L'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro a été condamné jeudi à son procès pour tentative de coup d'Etat, pour avoir voulu empêcher le retour au pouvoir du président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Le juge Cristiano Zanin a estimé que l'ancien chef de l'Etat avait participé à une «organisation criminelle armée», ce qui porte le score final à quatre juges contre un en faveur d'une condamnation au sein de la Cour suprême. La peine, pouvant dépasser 40 ans de prison, doit être fixée dans la foulée par les magistrats.

Accusé d'avoir été le chef d'une «organisation criminelle» ayant conspiré pour assurer son «maintien autoritaire au pouvoir» malgré sa défaite face au président actuel de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, lors de l'élection de 2022, Jair Bolsonaro clamair son innocence. Inéligible jusqu'en 2030 et assigné à résidence à Brasilia depuis début août pour des soupçons d'entrave à son procès, M. Bolsonaro n'est pas présent aux audiences, pour motif de santé selon sa défense. Un journaliste de l'AFP a pu l'apercevoir jeudi matin dans son jardin, vêtu d'un polo vert et d'un pantalon sombre, en compagnie d'un proche.

«Réparation historique»

Le procès divise fortement une opinion ultra-polarisée, y compris dans la capitale. Pour Germano Cavalcante, ingénieur civil de 60 ans, «ce procès n'est pas juste». «Il est plus politique que judiciaire», estime-t-il. A l'inverse, Ana Karla Oliveira, 21 ans, analyste système, se dit «absolument ravie». «Je vais fêter cette condamnation», promet-elle, y voyant une «réparation historique».

L'affaire Bolsonaro est aussi à l'origine d'une crise sans précédent entre la première puissance d'Amérique latine et les Etats-Unis. Dénonçant une «chasse aux sorcières» contre son allié d'extrême droite, le président américain Donald Trump a imposé une surtaxe punitive de 50% sur une part importante des exportations brésiliennes. Washington a également annulé les visas de plusieurs juges de la Cour suprême brésilienne et infligé des sanctions financières à l'un d'entre eux, Alexandre de Moraes, rapporteur du procès Bolsonaro.

Amnistie

Le juge Moraes a été le premier à voter mardi pour la condamnation de l'ex-président, affirmant que le Brésil avait «failli redevenir une dictature» lors du supposé putsch manqué. M. Bolsonaro est jugé avec sept anciens proches collaborateurs, dont plusieurs ex-ministres et généraux. C'est la première fois qu'un ancien chef de l'Etat doit répondre de telles accusations, dans un pays encore hanté par le souvenir de la dictature militaire (1964-1985).

Ex-ministre de la Justice de Lula, Flavio Dino a lui aussi voté pour une condamnation, estimant que les infractions jugées «ne sont pas susceptibles d'amnistie». Le courant conservateur tente actuellement de faire approuver au Parlement une loi d'amnistie au bénéfice de son leader.

Avec déjà en tête de possibles recours contre une condamnation, le camp de l'ancien chef de l'Etat avait célébré mercredi le vote du troisième magistrat, Luiz Fux. Développant une démonstration de plus de onze heures, ce dernier a jusque-là été le seul à voter pour la relaxe de M. Bolsonaro. Il a démonté le dossier, dénoncé un manque de preuves et estimé que le complot évoqué n'a jamais dépassé la «phase préparatoire».

Le vote du juge Fux «n'affectera pas le résultat final, mais il influencera l'histoire», escompte le député bolsonariste Luiz Lima. L'argumentaire a provoqué la colère de Lula, qui a déclaré jeudi sur le média local Band que «Bolsonaro a tenté de mener un coup d'Etat dans ce pays». «Il y a des dizaines, des centaines de preuves», a-t-il affirmé.

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