L’art de la provocation
Ce trompettiste fait de la vie de Jair Bolsonaro un enfer

Depuis des années, le trompettiste Fabiano Leitão transforme chaque apparition de Jair Bolsonaro en cauchemar musical. Alors que s’ouvre le procès historique de l’ex-président, il promet déjà une samba de victoire pour célébrer sa chute.
Publié: 06:57 heures
|
Dernière mise à jour: 09:13 heures
Partager
Écouter
A chaque fois que Bolsonaro apparait en public, Fabiano Leitao joue la marche funèbre de Chopin.
Photo: IG/@trom_petista
SOLENE_FACE (1).png
Solène MonneyJournaliste Blick

Fabiano Leitão, musicien brésilien, a fait de chaque apparition publique de Jair Bolsonaro un cauchemar sonore. Depuis plusieurs années, il accompagne l’ancien président de ses airs de trompette, choisis en fonction de l’actualité. A l’ouverture du procès historique pour tentative de coup d’Etat, mardi 2 septembre, il a interprété la marche funèbre de Chopin, lançant avec ironie au «Guardian»: «J’organise sa veillée funèbre et l’enterrement est imminent.»

Militant de gauche, Fabiano Leitão traque Bolsonaro depuis son élection en 2018. Il l’accuse d’avoir voulu détruire la démocratie et briser des vies. Aujourd’hui, alors que nombre d’experts estiment la condamnation de l’ancien président presque acquise, le musicien prépare déjà une nouvelle performance: «Ce sera quelque chose de joyeux! Il faut que ce soit joyeux!», confie-t-il en fredonnant un air de samba entraînant.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Arrêté par Bolsonaro

Sous la présidence Bolsonaro, Fabiano Leitão jouait régulièrement l’hymne antifasciste Bella Ciao, ce qui lui a valu une arrestation. Loin de l’affaiblir, cet épisode l’a propulsé au rang d’icône pour des milliers de Brésiliens progressistes. En août dernier, lors de l’assignation à résidence de Bolsonaro, après avoir publié sur ses réseaux sociaux malgré l'interdiction, le musicien s’était déjà posté devant le manoir de l’ex-chef d’Etat pour jouer la fameuse marche funèbre... mais aussi un air festif.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Surnommé «Trompetista», un jeu de mots entre «trompettiste» et «petista», nom donné aux partisans du Parti des travailleurs (PT) de Lula, Leitão cumule près de 200'000 abonnés sur Instagram. Proche de l’actuel président, il a même eu l’honneur d’annoncer, devant une foule immense, l’arrivée de Lula lors de son investiture en 2023.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Un procès à l’issue quasi certaine

Bolsonaro risque jusqu’à 43 ans de prison, accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat, dirigé une organisation criminelle armée et tenté de renverser la démocratie brésilienne. «Il y a tellement de preuves… Il est vraiment difficile d'imaginer un acquittement», estime Eloísa Machado, experte en droit constitutionnel.

Pour Fabiano Leitão, une condamnation sonne comme du miel pour ses oreilles: «Ce sera un moment de joie de voir le pays se libérer de cet instrument de destruction.» Sous la présidence de Bolsonaro, des centaines de milliers de Brésiliens ont péri lors de la pandémie de Covid-19. L'ancien président était accusé d'avoir mal géré la situation avec sa réponse anti-scientifique et sa lenteur dans l'achat de vaccins.

Trump à la rescousse, mais...

Donald Trump, fidèle allié de Bolsonaro, a dénoncé une «chasse aux sorcières». Pour le soutenir, il a sanctionné le juge Alexandre de Moraes et relevé les droits de douane du Brésil à 50%. Mais cette pression américaine semble vouée à l’échec. A la veille du procès, le juge affirmait au «Washington Post»: «Il n’y a pas la moindre possibilité de reculer d’un millimètre.» Une situation qui fait jubiler Fabiano Leitão: «Nous nous en sortons bien mieux que les Etats-Unis, qui n’ont jamais arrêté Trump.» Le verdict sera connu ce vendredi 12 septembre.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus