Romi Gonen a vécu une situation difficilement imaginable. Dans l'émission de télévision israélienne Uvda, l'ancienne otage du Hamas revient pour la première fois sur l'enfer qu'elle a vécu pendant des semaines. Retenue durant près d'un an et demi, elle a subi de nombreuses agressions sexuelles, perpétrées par différents bourreaux.
Enlevée le 7 octobre 2023, alors qu'elle assistait au festival Nova, Romi Gonen a subi une première agression sexuelle dès son quatrième jour de captivité. Son agresseur s'est présenté comme un médecin, expliquant être responsable du traitement de ses blessures dues à l'enlèvement. «J'étais blessée, je n'avais pas de force et je ne pouvais rien faire, raconte Romi Gonen. Il m'a tout pris.» Elle a ensuite été contrainte de vivre dans la même maison que lui, à sa merci, sans lieu de repli ni la moindre protection.
Condamnée au silence
L'enfer vécu par Romi Gonen ne s'est pas limité à un seul bourreau. Dans les semaines qui ont suivi, l'otage a été déplacée à plusieurs reprises et a subi des viols répétés. L'un de ses tortionnaires l'a filmée à des fins de propagandes, un autre lui a été imposé comme compagnon permanent. «Je lui ai dit d'arrêter», raconte-t-elle. «Le lendemain, il m'a expliqué qu'il serait désormais toujours avec moi.» C'est ainsi qu'a commencé, selon elle, la pire phase de sa captivité.
Durant plusieurs jours, elle n'était jamais seule. Chaque pas, chaque instant était sous surveillance. Elle raconte: «Tout se passait dans le silence le plus complet. Et je savais que si je ne restais pas calme, la situation allait empirer.» La peur était devenue une discipline quotidienne, le contrôle un instrument de violence.
Le moment le plus marquant s'est produit lors d'une agression particulièrement longue. Romi Gonen raconte avoir aperçu le monde extérieur à travers une petite fenêtre: un ciel bleu, le chant des oiseaux, la vie. A l'intérieur, elle subissait humiliation et brutalité, dans l'impuissance la plus totale. «Cette dissonance», dit-elle, «entre le monde extérieur, normal et propre, et ce qu'on me faisait subir à ce moment-là, c'est une image qui ne me quittera jamais».
Le violeur «au sommet de sa vie»
Alors qu'elle pleurait, son agresseur semblait vivre «l'apogée de sa vie», raconte-t-elle. «Il a reçu un cadeau pour la vie», ajoute-t-elle. Une seule pensée tournait en boucle dans sa tête: «Tout le monde en Israël pense que je suis morte. Mais je suis retenue ici comme esclave sexuelle.»
L'agression a été suivie de menaces. Un pistolet pointé sur sa tempe, le choix était simple: le silence ou la mort. «Si tu en parles à quelqu'un, je te tuerai.»
La jeune femme a été libérée en janvier après 471 jours de captivité. Elle s'est exprimée pour la première fois aujourd'hui. Les violences sexuelles et actes de déshumanisation faisaient partie de son quotidien d'otage. Romi Gonen a subi des violences répétées, contrainte au silence sous les menaces de mort.