Fin d'une période d'accalmie
Un groupe armé allié à l’Etat islamique cible un lieu de culte en RDC

Plus de trente personnes ont été tuées dans une attaque des rebelles ADF contre une église catholique dans le nord-est de la République démocratique du Congo, après des mois d'accalmie, ont indiqué des responsables locaux et religieux.
Publié: 17:31 heures
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La ville de Komanda, dans la province de l'Ituri, où l'attaque a eu lieu.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Dans la nuit de samedi à dimanche, les ADF (Forces démocratiques alliées), groupe armé formé à l'origine d'anciens rebelles ougandais et qui a fait allégeance au groupe Etat islamique (EI), ont attaqué la paroisse Bienheureuse Anuarite de Komanda, dans la province de l'Ituri, selon des responsables locaux.

Ici, «sous les yeux, nous avons au moins 31 morts parmi les membres du mouvement Croisade eucharistique, avec six blessés graves (...), certains jeunes ont été enlevés, nous n'avons aucune nouvelle d'eux», a déclaré à l'AFP l'abbé Aimé Lokana Dhego, curé de cette paroisse.

Le prêtre a ajouté que sept autres corps avaient été découverts dans la localité de Komanda, située à environ 75 km au sud de Bunia, chef-lieu de la province.

«Hier la nuit vers 21 heures (19H00 GMT), nous avons entendu des coups de feu vers la paroisse», les ADF y ont fait incursion, et «pour l'instant, nous avons vu 35 corps», a déclaré à l'AFP Dieudonné Katanabo, chef de quartier Umoja où se situe la paroisse.

«Les lieux de culte doivent être préservés»

Attribuant également cette attaque aux «rebelles ADF», Christophe Munyanderu, coordonnateur de l'ONG Convention pour le respect des droits humains (CNCDH), a avancé un bilan de provisoire «38 morts».

Sans se prononcer sur le bilan humain, le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l'armée en Ituri, a confirmé à l'AFP l'attaque, indiquant que «l'ennemi serait identifié parmi les ADF».

Cette attaque a été «fermement condamnée» par le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, qui a lui fait état de «plus de 40 personnes» tuées.

«Les lieux de culte doivent être toujours préservés et la liberté religieuse protégée», a-t-il ajouté.

La fin d'une période d'accalmie

Cette tuerie a lieu après des mois d'accalmie dans cette région de l'Ituri qui jouxte la frontière ougandaise. La dernière attaque d'ampleur menée par des ADF remonte au mois février, et avait fait 23 morts dans le territoire de Mambasa.

La localité de Komanda dans le territoire d'Irumu est un carrefour qui ouvre vers trois autres provinces (Tshopo, Nord-Kivu et Maniema) dans la partie orientale de la RDC.

Les ADF ont tué des milliers de civils et multiplié les pillages et les meurtres dans le nord-est de la RDC malgré le déploiement de l'armée ougandaise (UPDF) aux côtés des forces armées congolaises (FARDC) dans la zone.

Ils ont prêté allégeance en 2019 à l'EI, qui les présente comme sa «province d'Afrique centrale» (Iscap) et revendique certaines de leurs attaques.

Fin 2021, Kampala et Kinshasa ont lancé une opération militaire conjointe contre les ADF, baptisée «Shujaa», sans parvenir jusqu'à présent à mettre fin à leurs exactions.

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