L’ancien président américain Barack Obama se fait discret depuis son départ de la Maison Blanche. Mais mardi 16 septembre, lors d’un discours en Pennsylvanie, il n'a pas pu se retenir face à la gravité de la situation qui secoue les Etats-Unis, depuis le meurtre de l'influenceur d'extrême droite Charlie Kirk. Selon lui, Donald Trump pousse le pays vers la pire crise politique de son histoire.
Deux jours plus tard, jeudi 18 septembre, Obama a de nouveau pris la parole après la suspension de l’animateur Jimmy Kimmel – saluée par Trump – pour des propos sur le suspect présumé du meurtre. «Après des années à se plaindre de la 'cancel culture', le gouvernement actuel l’a élevée à un niveau supérieur et dangereux, en menaçant systématiquement de prendre des mesures réglementaires contre des entreprises médiatiques si elles ne censurent ou ne congédient pas des journalistes ou des commentateurs jugés indésirables», a-t-il dénoncé sur X.
L’ancien président a exhorté les médias à ne pas céder aux pressions de l’exécutif. Donald Trump, lui, a félicité la chaîne ABC pour avoir suspendu l’émission «pour une durée indéterminée». Jeudi encore, il a menacé certaines télévisions de «perdre leur licence» car elles seraient «contre» lui. Dans le même temps, après le «Wall Street Journal», il a porté plainte contre le «New York Times» et réclame 15 milliards de dollars de dommages, accusant le quotidien d’avoir publié une série d’articles «conçus pour nuire à la réputation commerciale, personnelle et politique du président Trump».
Un président indigne de son rôle?
Mardi déjà, Obama avait dénoncé la rhétorique incendiaire de l’actuel président et de son entourage. «Quand j’entends non seulement notre président actuel, mais aussi ses collaborateurs qui ont l’habitude de qualifier leurs opposants politiques de 'vermine' et d’ennemis à 'cibler', cela révèle un problème plus large auquel nous devons aujourd’hui faire face», a-t-il averti.
Pour lui, Donald Trump agit à l’opposé de ce que devrait être un président: au lieu de rassembler, il exploite les tragédies pour accentuer les divisions. Il lui reproche d’avoir instrumentalisé le meurtre de Charlie Kirk pour nourrir son discours politique. Une incapacité à unir les Américains que l’ex-président décrit comme «une crise politique d’un genre que nous n’avons jamais connu auparavant».
Pour lui, la sagesse présidentielle n'est pas l'apanage d'un parti: «Ce que je décris n’est pas une valeur démocrate ou républicaine. C’est une valeur américaine. Dans des moments comme celui-ci, quand les tensions sont vives, le rôle du président est de rassembler les gens», a-t-il insisté.
Trump vise la gauche, les chiffres la droite
Pour illustrer son propos, Barack Obama a rappelé la fusillade raciste de Charleston en 2015, où neuf fidèles afro-américains avaient été tués dans une église. «En tant que président, ma réaction n’a pas été de chercher qui avait pu pousser ce jeune homme troublé à commettre une telle violence, puis de m’en prendre à mes opposants politiques pour exploiter la situation.» La réaction d’Obama à cette tragédie avait marqué les esprits: il avait entonné spontanément «Amazing Grace» lors des funérailles du révérend Clementa Pinckney, incarnant à la fois son émotion et sa volonté de rassembler la nation dans un moment de douleur collective.
Depuis l’assassinat de Charlie Kirk, Donald Trump et plusieurs membres de son gouvernement accusent sans preuve la gauche d’être responsable de la majorité des violences politiques. Le président a évoqué la nécessité d’unité, mais a dans le même souffle accusé la «gauche radicale», alors même que le suspect était toujours en fuite et que ses motivations restaient inconnues.
Donald Trump a également annoncé placer le mouvement antifa sur la liste des organisations terroristes nationales. Pourtant, une étude couvrant les cinq dernières années montre que la grande majorité des violences politiques proviennent de la droite, en particulier de suprémacistes blancs: 54% des décès, contre 22% pour la gauche.