Au cœur de l’affaire Epstein
Le traitement VIP de Ghislaine Maxwell en prison fait scandale

Condamnée pour trafic sexuel, Ghislaine Maxwell, l'ex-compagne d'Epstein, bénéficie dans sa prison texane de conditions privilégiées qui interrogent. Repas spéciaux, visites privées, chiot: des avantages rarissimes qui relancent les soupçons de passe-droits.
Publié: 11:07 heures
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Ghislaine Maxwell, ex-compagne de Jeffrey Epstein, a été condamnée à 20 ans de prison pour trafic sexuel.
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

L’onde de choc de l’affaire Epstein ne faiblit pas. Et au cœur du scandale, Ghislaine Maxwell, condamnée pour trafic sexuel, semble bénéficier derrière les barreaux d’un traitement de star qui défie toutes les règles du système carcéral américain. Son transfert au Texas, cet été, avait déjà mis le feu aux poudres.

Malgré la gravité de sa condamnation, elle purge sa peine de prison de 20 ans, dans une prison à sécurité minimale du Texas. D’après une lettre adressée le 9 novembre à Donald Trump par un élu démocrate, citant des informations d'un lanceur d'alerte, Ghislaine Maxwell bénéficierait d’avantages rarissimes pour une détenue condamnée pour trafic sexuel: papier toilette à volonté, repas sur mesure, salle dédiée pour ses visites, et même accès à un chiot. Un traitement radicalement différent de celui de ses co-détenues. Pour certains, derrière ce traitement privilégié se cache l'ombre de Trump.

Un traitement VIP

Dans cette prison, deux rouleaux de papier toilette sont normalement distribués par semaine. Pour en obtenir davantage, il faut payer 2,25 dollars (1,80 francs) pièce. «Vous ne vous rendez pas compte de l’importance du papier toilette en prison. On le stocke, on le cache», explique à CNN Sam Mangel, ancien détenu fédéral et consultant carcéral. Pour Ghislaine Maxwell, il suffirait de demander.

L’espace personnel serait lui aussi aménagé à son avantage. Une cellule abrite généralement quatre prisonnières. Les co-détenues de Ghislaine Maxwell auraient été déplacées et, lorsqu’elle s’est plainte d’être observée par des femmes assises à des tables voisines lors de ses repas, celles-ci auraient été retirées.

Même ses visites se dérouleraient à part, dans le bureau de l’aumônier, «avec un assortiment de collations et de boissons». Selon le lanceur d’alerte, Ghislaine Maxwell traiterait même le directeur de l’établissement comme son «secrétaire personnel». Quant au chiot, l’élu affirme qu’un détenu chargé de former des chiens d’assistance aurait été sommé d’en confier un à Maxwell, alors que ni le personnel ni les détenus n’ont normalement le droit de caresser ces animaux en formation.

Une pression de Trump?

Jamie Raskin, l’auteur de la lettre, s’interroge sur un possible rôle de Donald Trump dans ce traitement VIP. Une hypothèse jugée plausible par certains juristes. «Le gouvernement n’accorde pas autant d’avantages sans contrepartie», estime Eric Faddis, ancien procureur et avocat au Colorado. «Cela laisse penser qu’il considère avoir reçu quelque chose de précieux de Ghislaine Maxwell et que c'est en quelque sorte sa récompense», ajoute-t-il dans les colonnes du «Guardian».

En juillet, Ghislaine Maxwell avait été interrogée durant deux jours par le procureur général adjoint Todd Blanche. Elle y avait loué Donald Trump et assuré ne l’avoir jamais vu dans une situation compromettante. La Maison Blanche affirme que l’idée de la gracier n’a «jamais été envisagée», mais plusieurs spécialistes interrogés par le média anglais jugent ce traitement inhabituel, laissant planer le doute sur des évolutions encore plus favorables.

Les criminels sexuels sont pourtant classés parmi les délinquants violents. Ils sont généralement isolés pour leur sécurité et placés sous garde administrative, loin de la population carcérale générale. Des privilèges comme ceux prêtés à Maxwell sortiraient complètement de la norme. Selon l’ancienne procureure Neama Rahmani, s’ils s’avéraient exacts, ils pourraient s’expliquer par un accord tacite destiné à préserver certaines personnalités influentes. Elle admet toutefois qu’un simple manque de places dans le système fédéral pourrait aussi expliquer son affectation dans cet établissement.

Trump retourne sa veste

D’autres experts relativisent les accusations. Larry Levine, fondateur de Wall Street Prison Consultants et ancien détenu fédéral, se montre sceptique: obtenir des repas améliorés est courant, affirme-t-il, et isoler une détenue très médiatisée pour des raisons de sécurité ne serait pas inédit. Le transfert de Maxwell, en revanche, reste exceptionnel pour une criminelle sexuelle.

Une chose est certaine, l’affaire Epstein continue de faire couler beaucoup d'encre. Alors que Donald Trump minimise aujourd’hui son amitié avec le financier, des échanges de mails du couple Epstein le mentionnent à plusieurs reprises. Sous pression, le président américain a brusquement soutenu la publication des dossiers Epstein, affirmant qu’il «n’avait rien à cacher», quelques jours seulement après avoir raillé ceux qui prenaient ces révélations au sérieux. Un virage spectaculaire dans un dossier déjà explosif.

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