Empêche l'accès aux jeunes
Un livre sur le déclin de Biden critique l'âge des démocrates américains

La gérontocratie au sein du Parti démocrate américain est remise en question. Avec une moyenne d'âge élevée des dirigeants et des décès récents d'élus, le besoin de renouvellement se fait sentir, malgré la résistance de la vieille garde.
Publié: 28.05.2025 à 07:45 heures
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Un livre sur le déclin de Biden critique l'âge avancé des démocrates américains.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Un livre qui met en lumière le déclin cognitif de Joe Biden soulève un autre sujet à Washington: l'âge des démocrates et leur système de prime à l'ancienneté qui, selon ses détracteurs, empêche l'émergence de jeunes talents.

Démocrates vieillissants

Six élus démocrates sont décédés en un peu plus d'un an, endeuillant leurs collègues et décimant les rangs démocrates face à Donald Trump. La Chambre américaine des représentants, à majorité républicaine, a approuvé de justesse la semaine dernière le projet de loi budgétaire XXL du républicain, qui doit encore passer par le Sénat.

Les démocrates n'ont rien pu y faire, affaiblis par trois sièges laissés vacants par les récents décès d'élus septuagénaires, emportés par un cancer. Même au complet, ils n'auraient pas pu torpiller le projet de loi. Au mieux, ils l'auraient retardé. Le vote a toutefois mis à nu les problèmes d'âge dans un parti qui a besoin de sang neuf, mais où les élus s'accrochent à leur poste.

Gerry Connolly, décédé il y a une semaine à l'âge de 75 ans, avait été préféré plus tôt dans l'année à l'énergique Alexandria Ocasio-Cortez, 35 ans, pour un poste stratégique. «Une erreur», a estimé l'analyste politique Molly Jong-Fast à MSNBC, estimant que les dirigeants démocrates ont raté l'occasion d'insuffler un nouvel élan au parti.

L'âge est un sujet sensible au sein de la gauche à Washington, alors que l'entourage de Joe Biden, 82 ans et qui souffre d'un cancer de la prostate, rejette les accusations des journalistes Jake Tapper et Alex Thompson. Ces derniers accusent dans un nouveau livre la Maison Blanche d'avoir caché au monde les faiblesses grandissantes de l'ancien président, qui s'est longtemps accroché à sa tentative de réélection.

Chez les Républicains aussi

Au Sénat, le chef des démocrates, Chuck Schumer, a 74 ans. Et l'ancienne cheffe de la chambre basse, Nancy Pelosi, 85 ans, exerce encore une influence considérable au sien du parti.

Une «gérontocratie» aussi présente chez les républicains avec en premier lieu Donald Trump, devenu à 78 ans le président le plus âgé jamais élu aux Etats-Unis. Ou encore Mitch McConnell, 83 ans, qui était manifestement affaibli lorsqu'il a quitté en novembre ses fonctions de chef de file des républicains au Sénat.

Au coeur du problème, côté démocrate, un système ancré de prime à l'ancienneté qui favorise l'expérience pour accéder à des postes clés. L'âge moyen des chefs de file de la minorité démocrate dans chacune des 20 commissions de la Chambre des représentants est de 69 ans, contre 62 ans pour les républicains.

Ce problème s'étend à la Cour suprême, où la juge progressiste Ruth Bader Ginsburg s'est accrochée à ses fonctions jusqu'à sa mort en 2020, à l'âge de 87 ans. Certains déplorent qu'elle n'ait pas pris sa retraite plus tôt, quand Barack Obama était encore président. Il aurait pu nommer ainsi un autre juge et ne pas offrir ce luxe à Donald Trump, qui a choisi une figure conservatrice.

Des progrès en cours?

Des progrès ont été réalisés pour faire de la place aux jeunes, avec notamment l'élection de David Hogg, 25 ans, au poste de vice-président du Comité national démocrate, l'organe de direction du parti.

Ce dernier a appelé à organiser des primaires pour se débarrasser des démocrates «inefficaces et hors d'atteinte» en vue des élections de mi-mandat, en novembre 2026. Une proposition mal reçue par la vieille garde, le stratège James Carville, âgé de 80 ans, le qualifiant de «méprisable petit crétin».

Mais les récentes révélations à propos de la santé déclinante de Joe Biden ont renforcé la conviction de certains, qui réclament du changement. «Si vous estimez que la démocratie est en jeu, si vous dites que cette élection est la plus importante d'une vie, comme ils l'ont dit à la base électorale (pour l'élection présidentielle de 2024), alors elle attend que vous agissiez en conséquence», estime l'analyste Molly Jong-Fast.

«Elle attend de vous que vous mettiez en avant les personnes qui peuvent s'exprimer mieux que ceux qui sont vos amis... Et je pense que c'est un changement majeur pour le parti démocrate.»

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