L’Europe discute depuis un certain temps d’une interdiction de visa touristique pour les Russes. Mais certains pays ont déjà pris les devants, sans attendre une décision collective.
L’Estonie a été le premier à prendre cette résolution radicale. La cheffe du gouvernement estonien Kaja Kallas est à l'origine de cette prise de position. «Il devrait être inacceptable pour chacun d’entre nous en Europe que des citoyens russes puissent voyager en tant que touristes au sein de l’UE alors que, dans le même temps, des personnes sont torturées, assassinées et terrorisées en Ukraine, a-t-elle asséné auprès du journal «Bild». Le tourisme est un privilège, pas un droit!»
La Finlande, pays limitrophe de la Russie, vient également de se décider à prendre des mesures. Le pays nordique n'interdira pas complètement son entrée à la population russe, mais limitera le nombre de visas délivrés à 10% du volume actuel à partir du 1er septembre. En cause: le mécontentement croissant à l’égard du tourisme russe dans le contexte de la guerre en Ukraine, a complété la semaine dernière le ministre finlandais des Affaires étrangères Pekka Haavisto.
«Pas seulement la guerre de Poutine»
Les politiques allemands font eux aussi pression pour que l’entrée des touristes russes soit sévèrement limitée dans l’Europe tout entière. Certains vont même plus loin. «Les visas Schengen pour les touristes russes doivent être stoppés net, a asséné Andrea Lindholz, la vice-présidente du groupe parlementaire CDU/CSU au Bundestag, auprès de «Bild». Il faut envoyer des signaux clairs à la population face à cette guerre!»
Le député européen Dennis Radtke a affirmé au quotidien que, contrairement aux déclarations du chancelier allemand Olaf Scholz (SPD), la guerre russe contre l’Ukraine «n’est pas seulement l’affaire de Poutine»: «Il est insupportable que des Russes passent leurs vacances en Europe et dépensent leur argent comme si de rien n’était», a critiqué le député. Son argument? Les Russes riches et privilégiés voyagent à l’étranger. Un blocage des visas les toucherait de plein fouet, ce qui créerait une pression sur le régime.
La Suisse est convoitée par les voyageurs russes
Un blocage à l’échelle de l’UE toucherait également la Suisse, membre de l’espace Schengen. Les terres helvétiques sont très convoitées par les voyageurs russes: la Russie occupe la huitième place dans des pays qui demandent le plus de visas pour entrer en Suisse. Cette année, plus de 7000 visas suisses ont été délivrés à des Russes, selon les déclarations du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) à la radio SRF.