Plus de 1127 camions transportant 12'135 tonnes d'aide humanitaire sont entrés dans la bande de Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas le 10 octobre, selon une analyse par l'AFP de données préliminaires fournies par l'ONU, soit bien en deçà de ce qui est prévu par le plan Trump. L'aide humanitaire entrant dans le territoire palestinien est «insuffisante» et «la situation reste catastrophique», a déclaré jeudi le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
En moyenne, 1011 tonnes d'aide, ou 94 camions, sont entrés chaque jour entre le 10 octobre et le 21 octobre, date de la dernière mise à jour des données de l'ONU. Or l'accord porté par le président américain Donald Trump prévoit l'entrée de 600 camions par jour. Si ce chiffre est en augmentation par rapport aux 724 tonnes en moyenne depuis le 19 mai, cela reste aussi loin des livraisons massives visées par l'ONU pour la période immédiatement après la trêve. Les données sont fournies par le «2720 Mechanism for Gaza», un programme de l'ONU qui suit les livraisons humanitaires entrant à Gaza depuis le 19 mai, au lendemain de la fin d'un blocus total de deux mois imposé par Israël.
Il faudrait plus de six mois pour tout distribuer
Basées sur des vérifications sur place, aux points de passage et dans la bande de Gaza, les données ne prennent pas en compte les livraisons commerciales et certaines ONG privées, comme la controversée Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël. Les opérations de cette organisation ont été entachées par la mort de plus de 1.000 personnes lors de violences survenues à proximité de ses sites, selon le bureau des droits de l'Homme de l'ONU.
La journée avec le plus de livraisons via le mécanisme UN2720 était le 16 octobre, avec 206 camions. La veille, le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, avait affirmé que l'aide arrivée en quelques jours représentait une «fraction de ce qui est nécessaire», évoquant «des dizaines» de camions plutôt que les «centaines» souhaités. L'ONU et les ONG partenaires ont préparé 190'000 tonnes d'aide prête à entrer dans Gaza, mais une grande partie attend encore les autorisations de la part d'Israël. Au rythme actuel depuis la trêve, il faudrait plus de six mois pour tout distribuer, selon les calculs de l'AFP.
Une partie significative de l'aide n'arrive pas à sa destination
Plus de 93% de l'aide suivie par l'ONU à l'entrée de Gaza est de la nourriture, en incluant les 1,7% de produits nutritionnels spécialisés très caloriques pour les personnes vulnérables comme les enfants ou les femmes enceintes. Fin août, l'ONU a déclaré une famine dans plusieurs zones du territoire, ce que conteste Israël. Depuis, près de 1000 tonnes de produits nutritionnels ont été envoyées à Gaza.
La quantité de nourriture apportée par le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU depuis la trêve «suffit pour nourrir près d'un demi-million de personnes pendant deux semaines», a indiqué mardi l'organisation, dont dépendent près de 70% des camions entrant à Gaza répertoriés par UN2070. Avec en moyenne 850 tonnes de nourriture par jour du 10 au 21 octobre, provenant du PAM et d'autres acteurs, répertoriés par UN2720 depuis l'accord, les quantités restent cependant sous les objectifs de quelque 2000 tonnes par jour du PAM.
Parmi l'aide envoyée à Gaza ces dernières semaines il y a également de l'eau, des produits sanitaires, des fournitures médicales et du carburant solide, comme des granulés de bois utilisés pour cuisiner. En plus de l'aide suivie par UN2720, 164'000 litres de carburant entrent par jour dans Gaza en moyenne, contre 68'000 litres quotidiens sur 30 jours avant la trêve, a indiqué à l'AFP le Bureau des Nations unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS), responsable de UN2720 et d'un programme distinct visant à approvisionner Gaza en carburant liquide.
L'ONU estime à 1,9 million de litres par mois (environ 270'000 litres par jour) les besoins à Gaza pour que son plan humanitaire post-trêve puisse fonctionner. Depuis le début du suivi par l'ONU en mai, une partie significative de l'aide qui entre dans Gaza n'arrive pas à sa destination prévue. Une partie est interceptée «soit de manière pacifique par des personnes ayant faim, soit par la force par des acteurs armés», explique UN2720 sur son site internet.